Le phénomène de mortalité qui touche les naissains d’huîtres creuses en France est toujours d’actualité. Différents suivis assurent la surveillance de ce phénomène parmi lesquels le réseau inter-régional des centres techniques. En Normandie, le SMEL poursuit ses observations, ce qui permet d’apprécier l’évolution de ces mortalités au cours du temps.
Dix années d’observations dynamiques des mortalités
Depuis 2009, dans le cadre des nombreuses études que le SMEL a pu mettre en place, le suivi de la dynamique des mortalités des naissains d’huîtres a été réalisé. Basé initialement sur le suivi de 3 catégories de naissains, captage et écloserie diploïde et triploïde, ce suivi a été progressivement renforcé dans le cadre d’un projet inter-régional mené par les 4 centres techniques de France métropolitaine (CEPRALMAR, CREAA, SMIDAP et SMEL). Si, au fil du temps, les objectifs du réseau inter-régional ont été affinés, en ce qui concerne la Normandie, l’historique existant permet de visualiser l’évolution de ce phénomène récurrent de 2009 à nos jours.
Un même protocole chaque année sur des lots de captage et d’écloserie
L’objectif principal de ce suivi dynamique est d’identifier chaque année les périodes d’apparition des mortalités et d’en évoluer l’ampleur. Ainsi, de la mise en élevage des lots en début de printemps jusqu’à l’automne suivant (après la période à risque), des comptages réguliers réalisés à chaque marée, permettent de mesurer le pourcentage de mortalité instantanée. A partir de ces données, les pourcentages de mortalité cumulée sont ensuite calculés.
Les résultats présentés ici, concernent le suivi de 3 lots distincts provenant chaque année de la même origine, qu’il s’agisse du site de captage ou de l’écloserie. Ils font partie du panel initial du réseau d’observation depuis sa création.
Le lot de captage révèle l’évolution de ce type de naissain pour le secteur d’origine concerné. Il en est de même pour les lots d’écloserie, si ce n’est que ceux-ci sont également révélateurs des efforts mis en œuvre par les écloseries pour produire des naissains plus robustes. Ainsi, une plus grande variabilité de réponse est constatée sur ces catégories, reflétant en fonction des cohortes, le succès plus ou moins important de la sélection d’animaux résistant mieux à la pression pathogène.
Encore des différences marquées entre la côte Est/côte Ouest
L’observatoire mettait en avant les différences du taux de mortalité qui existe entre les secteurs d’élevage de l’Ouest et Est Cotentin. Le phénomène est toujours plus important sur le site de Blainville sur mer (Côte Ouest Cotentin) que sur le site de St Vaast la Hougue (Côte Est Cotentin). Les résultats 2018 confirment bien cette tendance.
De plus, de manière récurrente, les constats d’apparition des pics de mortalité sont systématiquement décalés dans le temps. Ainsi, le premier constat de mortalité a été fait le 14 juin 2018 à Blainville sur mer. A cette date, quelques professionnels avaient effectivement déclaré les hausses de mortalité dans leurs élevages. Sur St Vaast la Hougue, les premiers signes ont été observés le 11 juillet 2018.
Pour la Côte Ouest Cotentin, l’ampleur du phénomène sur le lot de captage semble être un peu plus modéré qu’en 2017 et du même ordre de grandeur qu’en 2015. Pour le lot diploïde, les résultats sont similaires à ceux de 2017 qui étaient déjà parmi les plus faibles de la série historique. Enfin, le lot triploïde est particulièrement robuste puisque le pourcentage de mortalité est en très net recul, confirmant la tendance observée déjà depuis 2017.
Sur la Cote Est Cotentin, le lot de captage présente le plus faible pourcentage de mortalité de la série historique, en très net recul par rapport aux années précédentes. Quant aux lots d’écloserie, le constat est encore plus marqué, puisqu’avec les résultats 2017, les pourcentages de mortalité cumulée 2018 sont les plus faibles de la série historique.
Des mortalités de naissain stables ou en baisse régulière
Le phénomène de mortalité touchant les naissains d’huîtres creuses au cours de leur première année d’élevage semble être moins violent que les années précédentes. Pour un site impacté comme Blainville sur mer, les naissains diploïdes de captage et d’écloserie présentent une survie stable par rapport aux dernières années, le lot triploïde étant plus performant.
Sur la côte Est Cotentin, le site de St Vaast la Hougue se confirme être beaucoup moins impacté par les mortalités. D’une manière générale, le phénomène est en très net recul sur ce secteur.
Précisons que ces observations concernent la première année d’élevage des huîtres au stade naissain. Le suivi des ces lots se poursuit sur le reste des cycles d’élevage afin d’obtenir des informations sur le devenir de ces huîtres. Enfin, l’observatoire inter-régional des centres techniques intégrant un nombre plus important de lots, la variabilité de réponse en fonction des origines de naissain est plus aisément observable.
Une synthèse concernant le suivi de ces cycles longs sera prochainement disponible.
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