Une culture expérimentale de salicornes encourageante.

Publié le 8 septembre 2020 | Cultures marines, Nos travaux |

Le projet REHAB (Réhabilitation des claires ostréicoles), initié en 2018 est mené avec INTECHMER (Cherbourg) et les ostréiculteurs. Financé dans le cadre du DLAL FEAMP (Europe et région Normandie), il a pour objet de chercher des voies d’exploitation aux claires ostréicoles en Normandie, notamment celles situées à Blainville-sur-Mer dans la zone conchylicole de la CABANOR. Outre l’affinage des huîtres qui est la fonction première de ces claires, la culture de salicornes est une voie explorée au cours de ce projet. A l’instar des cultures effectuées dans les marais salants de Charentes ou de Loire Atlantique, la culture de cette plante halophyte très appréciée pourrait permettre de donner une vocation nouvelle à ces bassins. Si les résultats finaux du projet sont attendus pour l’année prochaine, les premiers essais effectués cette année ont permis d’entrevoir la faisabilité dans cette culture avec des résultats encourageants et permettent de calibrer les expérimentations pour l’année prochaine.



La salicorne dans les claires.

Si les claires ostréicoles de la CABANOR étaient construites pour l’affinage des huîtres, la difficulté d’obtenir un produit viable commercialement en Normandie a conduit de nombreux concessionnaires à, dans le meilleur des cas, utiliser ces claires comme simples bassins.  Dans certains, parfois sous-utilisés, de nombreuses plantes halophytes ont pu s’y implanter, notamment les salicornes. Or cette plante, très recherchée pour l’alimentation humaine, est cultivable comme cela s’effectue déjà dans certaines régions de France ou aux Pays-Bas. Après avoir effectué une première étude bibliographique (Fermey-Paris, 2017), le SMEL, avec INTECHMER et des ostréiculteurs concessionnaires de claires, a initié le projet REHAB, financé par le DLAL FEAMP. En cette première année de tests, le SMEL avait pour but de simplement tester la possibilité de pousse de ces plantes dans une claire tandis que, dans les locaux d’INTECHMER, des cultures expérimentales cherchaient à définir les paramètres les plus influents pour une croissance optimale.

Les premières cultures dans les claires.

Des semis ont été effectués à différents niveaux, à +20cm, +40cm et +60cm dans des bacs de cultures conçus à cet effet (cf. photo ci-dessous). Installés le 27 janvier 2020, les semis ont été effectués en 2 fois les 06 et 14 février pour les niveaux +40cm et +60cm. Au niveau +20cm, un seul semis a été effectué le 06 février mais l’eau a submergé ce bac dans les heures qui ont suivi, probablement en endommageant le semis. Le 14 février, le niveau d’eau était trop important pour semer ce bac.  Dans un premier temps, un voile de croissance était installé sur les cultures à +40cm et +60cm puis retiré le 12 mai. Les plants ont ensuite été coupés le 12 août 2020, pesés dans leur ensemble par bac de culture puis pesés et mesurés individuellement sur 100 plants.

Structure d’expérimentation le 14 avril 2020 : de gauche à droite bac +60cm, bac +40cm et bac +20cm (immergé à cette date) (@SMEL)

Le niveau de l’eau n’était volontairement pas maitrisé. Il était fluctuant au gré des marées et des infiltrations de la claire qui n’est pas étanche. Par contre, le niveau était suivi par une sonde multi-paramètres et des photos prises chaque semaine.

Des résultats très encourageants.

Les premiers plants de salicornes sont apparus le 03 avril 2020 dans les bacs de cultures +40cm et +60cm et le 04 mai 2020 dans le bac +20cm et la croissance a été continue jusqu’à la récolte mi-août. Et les résultats finaux sont synthétisés dans le tableau suivant.

Résultats finaux de la première expérience de croissance de salicornes (@SMEL)

Tout d’abord, le nombre réduit de plants dans le bac +20cm est dû au fait que l’eau a submergé le bac de cultures juste après le semis. Malgré tout, quelques pieds ont pu pousser avec un mois de décalage mais avec un poids moyen final supérieur aux deux autres bacs. Cependant, ce résultat peut s’expliquer en partie par la densité bien moins importante. Par contre, la partie comestible est proportionnellement plus importante. Les plants ont un mois de moins et semblaient moins lignifiés que les deux autres bacs.

Concernant les deux autres bacs, les semis ont permis d’obtenir des plants en plus grande densité. Par contre, d’un point de vue purement alimentaire, il semble que la récolte aurait dû se faire plus tôt pour obtenir des plants plus tendres. D’autre part, on note un écart entre les deux bacs avec un nombre de plants plus important dans la culture à +60cm. Cependant, le poids moyen et le pourcentage comestible dans la plante y sont plus faibles et on trouve une proportion d’autres plantes halophytes très importante, problématique pour la récolte.

La croissance des salicornes juste avant la récolte au 11 août 2020 (@SMEL)

Le  graphique ci-dessous montre que le bac +60cm n’a jamais été submergé ce qui a favorisé l’apparition d’autres plantes alors qu’une submersion même très temporaire empêche ce phénomène. D’autre part, on note qu’une submersion même sur plusieurs jours du bac +20cm () n’empêche pas la pousse de salicornes.

Des paramètres à vérifier.

D’après les premiers résultats, il semble que la culture de salicorne soit parfaitement envisageable dans les claires ostréicoles de la CABANOR. Cependant, certains paramètres doivent faire l’objet d’études plus approfondies comme les dates de semis en fonction des coefficients de marées et des hauteurs de pousse, du nombre de jours de submersion totale permettant la croissance des salicornes et empêchant l’implantation d’autres plantes, ou bien encore de la date de récolte afin d’obtenir le meilleur produit possible.

Les tests effectués cette année dans les installations d’INTECHMER (analyses des résultats en cours) croisés avec ces résultats permettront à la fois de tester des protocoles plus affinés dans les claires dès l’année prochaine avec l’objectif d’obtenir un produit commercialement viable et d’étudier plus spécifiquement l’influence de certains paramètres de croissance et de qualité sur le plateau technique d’INTECHMER.

Suivre les résultats du projet REHAB.

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