Bilan des échouages de mammifères marins de 2020 à 2022.

Publié le 11 janvier 2023 | Mer & Littoral, Nos travaux |
Le réseau d’urgence du SMEL, en veille constante depuis 1999, est intervenu sur de nombreux échouages divers et variés depuis sa création. Grâce à ce réseau, le SMEL est en capacité d’assurer une réactivité immédiate en cas de nécessité (tempête, mortalité, pollution, échouage etc.). Le SMEL est inscrit depuis plus de 20 ans dans le Réseau National Echouage (RNE), coordonné par l’Observatoire Pélagis, qui est le principal outil de suivi des échouages de mammifères marins. C’est donc dans ce cadre que les agents habilités sont amenés à intervenir.


Rappel de la série historique d’intervention du SMEL
Figure 1 – Nombre d’interventions depuis 1999.

De 1999 à 2009, le réseau a été déclenché de façon épisodique. A partir de 2010, le nombre d’interventions par année augmente, et à compter de 2012, l’implication du SMEL dans le RNE est plus régulière et constante, grâce à la formation de 2 agents accrédités pour intervenir sur les échouages de mammifères marins et de tortues. L’équipe a été renforcée d’un nouvel agent accrédité en 2022, à l’issue d’une période de parrainage débutée en 2020 (Fig.1).

Pour voir les bilans des années précédentes :

Figure 2 – Nombre d’interventions depuis 1999 par familles.

Depuis 1999 et jusqu’à ce jour, ce sont les cétacés qui sont le plus rencontrés sur les interventions du SMEL. On y retrouve principalement des dauphins communs et des marsouins, mais aussi quelques grands dauphins. Quelques espèces plus rares comme le dauphin bleu et blanc, le dauphin de Risso ou encore des rorquals ont fait l’objet d’interventions. Concernant les pinnipèdes, le nombre d’interventions reste stable, au maximum de quatre par année, et le phoque gris y est le plus représenté. Toutefois l’année 2022 a vu prendre en charge trois jeunes phoques vivants, ce qui interpelle sur la présence des phoques sur notre côte. Il sera donc important d’être vigilants sur ce point dans les années à venir. Deux tortues ont aussi été traitées, en 2017 et en 2022. Il s’agissait en 2017 d’une tortue caouanne et en 2022 d’une tortue de Kemp, transférée pour autopsie au Centre d’Etudes et de Soins pour les Tortues Marines de La Rochelle (Fig.2).

Bilan des échouages de 2020 à 2022

Pour l’année 2020, les agents du SMEL sont intervenus sur 15 échouages de cétacés et 3 échouages de phoques (Tableau 1). Le rorqual de Bryde était une jeune femelle de 9m85, échouée à Sainte Marie du Mont. L’autopsie réalisée par Pélagis avait montré une bonne condition physique, pas de pathologie sévère observable. Du spume était présent dans la bulle tympanique, résultant probablement d’un choc sonore qui aurait désorienté l’animal. Il s’agissait de la première observation d’un rorqual tropical sur les côtes européennes et métropolitaines. Pour les autres échouage, un cas de collision probable et un cas pathologique ont été constatés. Les autres cas n’ont pas présenté de particularités.

EspèceNombre
Marsouin commun3
Dauphin commun7
Grand dauphin1
Rorqual de Bryde1
Phoque gris2
Phoque (indéterminé)1
Tableau 1 – Échouages par espèces en 2020

Pour l’année 2021, les agents du SMEL sont intervenus sur 14 échouages de cétacés et 3 échouages de phoques (Tableau 2). Le rorqual était un jeune animal dont la cause de la mort a été déterminée comme résultante d’une collision de façon certaine. Les autres cas n’ont pas présenté de particularités.

EspèceNombre
Marsouin commun2
Dauphin commun10
Grand dauphin1
Rorqual (indéterminé)1
Phoque gris1
Phoque (indéterminé)2
Tableau 2 – Echouages par espèces en 2021

Pour l’année 2022, les agents du SMEL sont intervenus sur 11 échouages de cétacés, 4 échouages de phoques et 1 échouage de tortue (Tableau 3). Deux cas de captures accidentelles probables ont été répertoriés sur un dauphin commun et sur le dauphin de Risso. Pour l’orque, qui est celle retrouvée dans la Seine au mois de Mai, c’était une femelle immature de 4m26 et 1 100kg. Elle présentait une mauvaise condition physique et son estomac était vide. Toutefois, des griffes et des vibrisses de phoques y ont été retrouvés, confirmant qu’elle ne s’était pas alimentée depuis un long moment. Plusieurs analyses sont encore en cours par les différents laboratoires afin d’en savoir plus sur son régime alimentaire ainsi que son origine.  Les autres cas n’ont pas présenté de particularités, toutefois 3 des 4 interventions sur les phoques ont été réalisées sur des animaux vivants et un focus sur ces cas est présenté ci-après.

EspèceNombre
Marsouin commun1
Dauphin (indéterminé)1
Dauphin commun6
Grand dauphin1
Dauphin de Risso1
Orque1
Phoque (indéterminé)1
Phoque veau-marin1
Phoque gris                                                                       2
Tortue1
Tableau 3 – Echouage par espèces en 2022
Figure 3 – Périodicité des échouages de cétacés de 2020 à 2022

Concernant la périodicité des échouages de cétacés entre 2020 et 2022, il se dessine une tendance en fin d’hiver et à l’automne, sur les mois de Janvier à Mars et Août à Octobre. Cette tendance est à l’image du bilan de la façade Manche Mer du Nord réalisé par l’Observatoire Pélagis, avec des pics en Janvier et en Septembre dû aux échouages de marsouins et un pic en Mars dû aux échouages de dauphins communs (Fig.3).

Figure 4 – Périodicité des échouages de pinnipèdes de 2020 à 2022

Concernant la périodicité des échouages de pinnipèdes, le phoque gris étant le plus retrouvé dans les échouages, la tendance se situe clairement en fin d’été et sur toute la période hivernale, ce qui correspond avec le bilan de la façade Manche Mer du Nord réalisé par l’Observatoire Pélagis. Les échouages hivernaux correspondent à la période de dispersion des jeunes en mer (Fig.4).

Focus sur les 3 interventions concernant des phoques vivants.

2 Août 2022 :

Un jeune phoque veau-marin trouvé sur la plage de Gouville-sur-Mer est amené au centre du SMEL. Agé d’un mois environ, il était très maigre pour son âge (8,05kg). Il présentait de multiples petites plaies et d’entailles d’origine inconnue. Grâce à la réactivité du réseau RNE, un transfert a pu être organisé vers le CHENE dans la journée. Baptisé Haka, il est resté 2 mois et demi au centre et a pu être relâché le 12 Octobre. Il pesait alors 37,6kg !

10 Octobre 2022 :

Nouvelle intervention pour un jeune phoque gris cette fois-ci, trouvé à Portbail. En mauvais état physique, il a été pris en charge et transféré au CHENE. Malheureusement, il est décédé peu après son arrivée en soin, des suites d’une occlusion intestinale due à une ingestion trop importante de sable.

13 Novembre 2022 :

Un jeune phoque gris est trouvé sur la plage d’Agon-Coutainville. Sa température était normale et bien que visiblement très déshydraté, il a été gardé en stabulation au SMEL dans l’attente de son transfert au CHENE le lendemain. Il pesait 15 kg, ce qui correspond à son poids de naissance. Cependant ce jeune phoque est sevré, âgé d’au moins un mois et demi. Le poids normal d’un phoque gris à cet âge est plutôt compris entre 15 et 30 kg, tandis que son poids de naissance oscille entre 12 et 15 kg. Baptisé Ravioli, il n’est resté qu’un mois au centre et a pu être relâché le 13 Décembre, ayant atteint un poids très raisonnable de 33,15kg !

Quelques explications :

Les colonies de phoques sont présentes depuis de nombreuses années sur les côtes Est et Ouest du Cotentin. Ils ont failli disparaître il y a quelques décennies, mais aujourd’hui protégés, nous pouvons de nouveau avoir l’occasion de les observer.

En baie du Mont-Saint-Michel, une colonie de phoques veaux-marins est revenue s’y établir depuis une quarantaine d’année. C’est la colonie la plus au sud de la France. Elle compte en moyenne une soixantaine d’individus, et beaucoup plus en été.

En Baie des Veys, une colonie d’une centaine d’individus est installée.

Les phoques veaux-marins ont une préférence pour les baies et les estuaires sableux et les phoques gris s’installent plutôt dans les zones rocheuses.

Dans les années à venir, il est fort probable que les populations de phoques augmentent sur la côte Ouest du Cotentin, notamment en raison de l’établissement depuis 2017 d’une petite colonie d’environ 8 phoques veaux-marins dans le havre de la Sienne. Durant les grandes marées, les animaux remontent la Sienne et vont bien en amont du Pont de la Roque. L’association AVRIL a mis en place un suivi en concertation avec la Baie du Mont Saint-Michel, afin de déterminer si des individus proviennent de la colonie reproductrice installée dans la Baie. La photo identification et les lectures de bagues ont permis d’établir que c’est bien le cas. Deux zones font l’objet d’un suivi, identifiées comme étant des reposoirs à marée basse : la pointe de Montmartin-sur-Mer et La Miellette à Regnéville-sur-Mer. L’association Avril, au travers son réseau Vigie des Havres, souhaite poursuivre cette surveillance afin de suivre l’évolution de la population de phoques veaux-marins du havre de Sienne, mais aussi sensibiliser le public sur les phoques et sur les comportements à avoir en leur présence.

Les conduites à tenir :

Si vous repérez un phoque sur la plage, la première chose à faire est de s’éloigner et de tenir son chien en laisse. Le mieux pour les observer est d’utiliser des jumelles ou une longue-vue.

C’est un animal sauvage qui peut vous blesser s’il se sent en danger, mais aussi vous transmettre des maladies.

Si vous rencontrez un jeune phoque seul sur la plage, pas de panique, en règle générale c’est tout à fait normal. Il faut le laisser dormir et sa mère reviendra le chercher. Si vous restez à côté de lui, sa mère ne pourra pas le rejoindre et risque de l’abandonner. Enfin, s’il est jugé en détresse, il sera pris en charge.

Des ressources pédagogiques sont disponibles sur le site internet du Parc Naturel Marin des Estuaires picards et de la mer d’Opale.

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