La plupart des engins de pêche étant constitués, pour tout ou partie, de matière plastique, le SMEL s’investit depuis plusieurs années dans la recherche de solutions au problème des déchets que ces engins constituent quand ils arrivent en fin de vie. Le projet FIRENOR a pour ambition d’identifier et de structurer des filières de recyclage des engins de pêche usagés (EPU) dans des ports de Normandie.
Retracer l’histoire…
Le SMEL s’est intéressé aux déchets plastiques des activités maritimes dès 2016. Le projet SEAPLAST financé par l’ADEME et la Région Normandie a permis de réaliser une première quantification et qualification de certains déchets plastiques et sous-produits marins issus de la pêche et de la conchyliculture potentiellement valorisables en plasturgie. Par la suite, le SMEL s’est impliqué dans le club « Filière Plastique Normandie » créé à l’occasion de la feuille de route Economie Circulaire Normande (Région-Etat-ADEME). Ceci lui a permis de se construire un réseau régional d’acteurs s’intéressant à cette problématique. Il a également participé au projet PECHPROPRE porté par la Coopération Maritime, dont l’objectif était de porter une première réflexion sur la gestion des engins de pêche usagés (EPU) dans les ports de pêche métropolitains. Progressivement, la Coopération Maritime a pu impulser une dynamique nationale sur ce sujet au sein d’ateliers permettant de communiquer sur de nombreux projets relatifs au recyclage des EPU et de réaliser une veille réglementaire à l’échelle européenne et nationale sur l’économie circulaire et les engins de pêche.
Plus récemment, elle poursuit le travail initié par PECHPROPRE avec le projet RECYPECH visant principalement à soutenir et accompagner le secteur de la pêche artisanale dans la construction d’une véritable filière nationale volontaire et pérenne de gestion des EPU.
Le SMEL poursuit ses travaux en lançant le projet FIRENOR financé par l’ADEME, la Région Normandie (DEEDD et DARM) et le DLAL FEAMP. Il doit permettre un diagnostic et une première analyse des possibilités en termes de collecte, stockage et recyclage des EPU dans trois ports pilotes normands. L’objectif est de mettre en place à l’issue du projet une filière normande de valorisation des EPU. Pour cela il faut construire un écosystème territorial portuaire favorable rassemblant les différents acteurs locaux susceptibles d’intervenir dans toute la chaîne de valeur (pêcheurs et organisation professionnelle, autorités portuaires, collectivités, structures de l’inclusion, metteurs en marchés, distributeurs, transporteurs, recycleurs).
Pour réaliser ce projet, le SMEL a lancé un marché au début de l’année 2021 pour bénéficier d’un accompagnement de la part d’experts sur la problématique du recyclage des EPU tout en mettant en avant une démarche d’économie circulaire. La Coopération Maritime et la Fédération des Entreprises de l’Insertion ont remporté ce marché et se sont entourés de sous-traitants (Karine Maignan, consultante indépendante, Fil & Fab, R’PUR Recyclage).
Avancement du projet FIRENOR :
Lancé en 2020, le projet se décline en trois phases :
- Phase 1 : Enquêtes auprès de 6 ports de pêche normands, identification d’acteurs de l’inclusion et d’industriels capables de répondre aux attentes d’une filière de recyclage des EPU, réflexion sur les schémas logistiques possibles (6 mois).
- Phase 2 : Lancement des opérations pilotes. Caractérisation du gisement et de la saisonnalité des métiers, mise en place des équipements, création d’indicateurs de suivi, phases de test réunissant tous les acteurs. (12 mois).
- Phase 3 : Rapport d’étude, validation de la faisabilité d’une filière de recyclage à l’échelle locale, création d’un guide des bonnes pratiques. (4 mois).
A ce jour, la phase 1 du projet est terminée. Sur six ports normands enquêtés , trois ont été sélectionnés sur la base de sept critères : l’implication et la mobilisation des acteurs locaux ; le foncier disponible ; les installations et les moyens logistiques du port ; l’intérêt des opérations pilote par rapport à la diversité et la taille de la flottille ; la marge de progression et/ou d’amélioration du dispositif de collecte et de traitement des EPU ; la proximité d’acteurs industriels de valorisation des déchets plastiques ; et enfin la mobilisation des acteurs de l’insertion.
Ces enquêtes ont fait l’objet d’un rapport technique réalisé par la Coopération Maritime, et ont permis de retenir trois ports : Granville, Fécamp et Port-en-Bessin.
Les opérations pilotes ont été lancées en Septembre 2021 dans chacun de ces ports.
Les gisements ont été caractérisés, et de ce fait, le projet se concentre sur quatre flux majeurs d’EPU : les alèzes de dragues et de chaluts, les filets fins, les cordages, et les casiers. Toutefois, ces engins pouvant être composés de plusieurs polymères, des tests de caractérisation de matières ont été réalisés, afin de permettre la création d’un catalogue appelé « Matériauthèque ». Cette matériauthèque constitue un guide précieux pour identifier rapidement les différentes parties d’un engin de pêche lors de son démantèlement et appuyer la formation des acteurs du projet dans la reconnaissance des polymères. Elle permet aussi d’organiser la collecte sélective des matières pour leur recyclage.
Ce qu’il se passe sur les ports, en détail :
A Granville, les agents du port ont commencé à stocker les EPU dans un espace mis à disposition. Une première expérimentation de démantèlement avec OSE Environnement doit avoir lieu en mars 2022, et une autre en novembre 2022. Des contenants dédiés à la collecte des EPU vont être installés à proximité des quais de débarquement des navires et des panneaux de signalisation, mis en place, afin d’informer et guider les professionnels vers les bons gestes de tri
A Port-en-Bessin, les supports de communication sont en cours de finalisation et vont être affichés sur les quais, à la criée et dans le magasin de COPEPORT. Des bacs vont être mis à disposition pour assurer une collecte séparée des EPU, et seront massifiés chez R’PUR, en vue du démantèlement et de la préparation de la matière pour son recyclage.
A Fécamp, la collecte a débuté et les EPU sont stockés dans un hangar mis à disposition par les autorités portuaires. Pour le moment, plusieurs bigs-bags de filets fins ont été collectés, et feront, en février 2022, l’objet d’une opération de démantèlement par la structure d’inclusion Actif ESS. Ils seront ensuite traités par Fil&Fab et régénéré en granulés plastiques permettant leur recyclage
A suivre :
Les opérations de démantèlement sur les trois ports, et les tests de recyclage avec les plasturgistes.
PARTENARIAT TECHNIQUE