Les zostères sont des phanérogames (plantes à fleurs et à graines) marines qui se développent sur les sédiments meubles dans la zone intertidale et infralittorale proche. Longtemps récoltées par les normands, elles furent décimées dans les années 1930 par une maladie. Le rôle écologique très important a permis aux herbiers de zostère d’obtenir de nombreuses protections juridiques. La conchyliculture sur la façade ouest cotentin s’est développée partiellement dans les secteurs où ces herbiers sont présents. Ainsi, une étude sur les interactions entre les zostères et l’ostréiculture a été engagée (programme CIZO).
Les herbiers de zostères, cousines de la posidonie méditerranéenne
Proche des posidonies bien connues pour être le poumon de la méditerranée, la zostère est présente sur le littoral atlantique et dans la Manche sous forme d’herbiers regroupant parfois plusieurs centaines de pieds au mètre carré. Deux espèces principales sont présentent sur ces littoraux : la zostère marine (Zostera marina) pouvant atteindre 1 mètre de hauteur avec des feuilles larges de 5 à 10 mm, présente dans les secteurs les plus bas de l’estran et dans l’infralittoral proche, et la zostère naine (Zostera noltei), qui peut atteindre 30 à 40 cm pour des feuilles plus étroites. Aujourd’hui, ces deux espèces se multiplient principalement grâce à leur rhizome mais peuvent parfois fleurir et donner des fruits à l’image des posidonies.
Pailleule ou verdrière, des récoltes abondantes au début du 20ième siècle avant le déclin massif
Les zostères ont été récoltées massivement à la fin du 19ième et début du 20ième siècle. En été, les pêcheurs et agriculteurs venaient massivement faucher les zostères lors des grandes marées. Mises en tas et ramenées à la côte sous forme de radeau flottant, les zostères étaient étendues sur les dunes durant plusieurs mois afin de les rincer et de les sécher. Devenue souple et imputrescible, la pailleule était mise en balle de 50 kg puis vendue pour confectionner les paillasses des militaires, des terre-neuvas ou réaliser les sièges pour les chemins de fer. Cette récolte était abondante et permettait d’apporter un revenu complémentaire aux riverains côtiers. En 1925, 600 tonnes furent commercialisées à Blainville sur mer. Mais en 1930, les herbiers de l’atlantique nord furent décimés à 90% par une maladie (wasting disease) attribuée à un micro-organisme (Labyrinthula zosterae). Ils disparurent quasiment totalement à Blainville-sur-mer en 1931.
Un rôle écologique important
Grâce à leur rhizome et système racinaire touffu, les zostères maintiennent le sédiment et limitent l’érosion des sols. Leurs feuilles permettent de réduire les courants marins entraînant un stockage des particules fines et une clarification de l’eau. Ces éléments vont permettre de produire un substrat très favorable au développement de la faune benthique. Véritable niche écologique, les feuilles vont pouvoir accueillir une faune variée venant s’alimenter et déposer ses œufs, à l’image des seiches accrochant leurs grappes d’œufs sur les feuilles. Les bernaches cravant vont venir s’alimenter des feuilles durant leur passage hivernal sur nos côtes.
Des protections législatives nombreuses
Ce rôle écologique majeur a conduit le législateur à protéger les herbiers de phanérogames marines par une série de textes réglementaires. Au niveau européen, la directive Habitat de Natura 2000, la directive cadre sur l’eau (DCE) ou encore la convention OSPAR vont mettre en avant la nécessité de protection, de suivi et de développement des herbiers. Au niveau français, c’est la loi littorale de 1986 relative à l’aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral qui donne un statut de protection des herbiers en tant qu’habitat. Puis enfin, au niveau régional, l’arrêté du 27 Avril 1995 relatif aux espèces végétales accorde une protection supplémentaire en Basse-Normandie.
Étudier la Cartographie et les Interactions entre les zostères et l’ostréiculture (programme CIZO)
Les gestionnaires et les professionnels de la mer, soucieux d’appliquer au mieux les textes réglementaires, ont un besoin impératif d’une cartographie dynamique des herbiers de zostères, en particulier dans les secteurs de productions ostréicoles où l’espèce est présente massivement (Secteur de Bréhal et de Blainville/Gouville en particulier). Or, la cartographie de cette espèce est complexe car la présence des zostères est diffuse, morcelée et parfois très basse sur l’estran. D’autre part, il est important de connaître les interactions entre les zostères et la présence des concessions ostréicoles. Une étude, cofinancée par l’agence de l’eau, menée par le SMEL en collaboration avec le laboratoire CNRS-M2C et le CRC Normandie Mer du Nord va permettre d’apporter des réponses d’ici quelques mois.
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