L’arrivée de juvéniles d’huîtres sauvages sur les côtes normandes, notamment sur la côte ouest du Cotentin, est suivie depuis 5 années dans le cadre du réseau HLiN (Huîtres du Littoral Normand). Généralement faible voire nul, le recrutement de nouveaux animaux a cependant connu deux pics au cours de ces cinq années : en 2013 et lors de l’été dernier où l’on a pu observer de nombreuses petites huîtres sur des secteurs très larges, comme sous la falaise de Champeaux ou le secteur de Saint Germain sur Ay.
Le recrutement d’huîtres sur la côte ouest du Cotentin n’a pas lieu tous les ans.
Le recrutement des huîtres sauvages sur les côtes du département de la Manche est suivi par le SMEL depuis 2013. Le protocole utilisé pour ce suivi est largement inspiré de VELIGER, programme de l’IFREMER, mais adapté aux conditions normandes. 4 secteurs ont été choisis pour suivre le recrutement des juvéniles d’huîtres : Carolles au sud de la zone, Granville où les densités sont les plus importantes, Saint Germain / Ay au nord de la zone impactée et Portbail, site vierge mais surveillé pour voir apparaître une éventuelle colonisation vers le nord, comme observé dans d’autres régions. Dans chacun de ces secteurs, la totalité des huîtres sont enlevées sur des zones de 1m², initialement fortement colonisées. Puis, chaque année, un comptage des nouvelles arrivées est effectué entre les mois de décembre et février. Le tableau suivant montre les différents comptages depuis 2013.
Tableau 1 : Captage moyen par m² sur les différents secteurs suivis.
Depuis le début de ce suivi, on note deux années de recrutement « important » que sont 2013, uniquement sur le secteur de Carolles, et 2017 encore sur Carolles mais également à Saint Germain / Ay. Pour cette dernière année de recrutement, ce sont les secteurs nord et sud qui ont vu l’arrivée conséquente d’huîtres alors que le secteur de Granville, pourtant central et fortement peuplé, a un recrutement 5 fois moins important. Quant à Portbail, c’est la première année que de jeunes huîtres y sont observées, en de très faibles quantités mais justifiant pleinement le statut de secteur de veille.
Un recrutement en 2017 qui a un impact sur la densité de population.
Concernant la densité de population, certains secteurs sont visités chaque année alors que d’autres sont suivis tous les 3 ans afin d’évaluer la variation de densité de population. Après les investigations du début de cette année, on a pu noter que certains secteurs ont vu leur population augmenter de manière très sensible. Ainsi, à Saint Germain / Ay, la densité de population est multipliée par 10 en une seule année. Sur la plage d’Hacqueville (commune de Granville), la population est multipliée par 5 entre 2015 et 2018. Toutefois, elle n’atteint pas le stock observé en 2011. Sur la zone de Carolles et Champeaux, on voit une population augmenter significativement pour atteindre des densités jamais observées depuis 2011. Seule la zone du Roc à Granville voit sa population se stabiliser depuis 2017 et en baisse depuis 2012.
Tableau 2 : Densité de population moyenne par m². En bleu, les secteurs suivis annuellement et en orange, les secteurs suivis tous les 3 ans et donc faisant l’objet d’une visite en 2018.
Comprendre les causes de ce recrutement.
La prochaine étape du travail sera de chercher les causes de ce recrutement et de comparer les années 2016, où le recrutement était inexistant et 2017 où il était le plus important observé depuis le début de HLiN. Ce travail sera effectué en collaboration avec l’Ifremer de Port-en- Bessin et reprendra les grands points abordés en 2013 comme la dérive larvaire . Mais, en plus de connaître l’origine géographique des parents, il sera important rechercher les paramètres importants qui influent sur la ponte des parents et la survie des larves pendant leur vie natatoire, avant la métamorphose.
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