Toujours présent dans nos activités, le REseau MOllusques de NORmandie (REMONOR) poursuit ses évaluations de croissance, de mortalité et de qualité (coquille et chair) des huîtres pour chaque bassin normand. Les observations faites sur l’année 2019 montrent une croissance habituelle sur l’ensemble des bassins pour les deux classes d’âge. La même observation est faite sur la mortalité des huîtres adultes de la côte Ouest de la Manche, ainsi que celles des deux classes d’âge de la côte Est (adultes et juvéniles). Par contre, nous observons une diminution importante de la mortalité des juvéniles sur la côte Ouest. Et cette mortalité est, depuis 12 ans, la plus faible observée avec celle de l’année 2015. La présence du ver Polydora a été moins importante que ces dernières années sur le bassin Ouest du Cotentin. A l’inverse un retour considérable de l’infestation des huitres par ce ver a été constaté pour les stations du bassin Est.
Le réseau REMONOR
Le réseau REMONOR est réalisé sur 8 stations, 4 sites sur la côte Ouest de la Manche, 1 site en eau profonde sur la côte Nord et 3 sites sur la côte Est. Toutes ces stations accueillent chaque année au mois de mars deux classes d’âge (juvéniles et demi-élevage) d’huîtres issues du captage naturel d’Arcachon.
Des visites trimestrielles sur chaque site sont effectuées pour mesurer la mortalité et la croissance du lot. Des échantillons de 30 individus par classe d’âge sont prélevés et ensuite étudié au laboratoire du SMEL, des mesures et des observations sur chaque individu sont réalisées. Celles-ci permettront le calcul de différents paramètres afin de visualiser le gain de poids, le taux de remplissage, la détermination de la maturité sexuelle et l’infestation de la coquille par le ver Polydora. Cette infestation est évaluée par l’examen visuel de chaque individu, permettant de le classer en fonction de l’étendue des chambres à vase.
Les principaux résultats 2019
L’année 2019 montre une croissance normale sur l’ensemble des bassins.
Une baisse de la mortalité des juvéniles sur l’ouest cotentin est remarquée, à l’exception de Chausey (25% de mortalité cette année) qui ne présentait que peu de mortalité ces dernières années (entre 2015 et 2018). Cependant, la diminution de mortalité sur la côte Ouest est seulement la deuxième depuis 2008, l’année 2015 présentait également peu de mortalités. En ce qui concerne les adultes des bassins Ouest de la Manche, les taux sont habituels.
Sur la côte Est, pour les deux classes d’âge il y a eu peu de mortalité mis à part le site de Crasville qui a des taux de mortalité autour de 20% (cela reste dans la moyenne de la station).
L’infestation par le ver polydora est en augmentation sur la plupart des sites de la côte Est (Crasville est la station la plus touchée). Sur la côte Ouest cette infestation est en diminution pour l’ensemble des stations, excepté pour Chausey.
Zoom sur le ver Polydora
Cet annélide polychète est présent en Europe, dans la vase, les roches et les coquilles de mollusques.
Le ver au stade adulte se fixe et creuse sa galerie en forme de U dans un substrat. Il se nourrit des particules organiques présentes dans l’eau.
La reproduction de ce ver passe par une phase pélagique des larves, c’est-à-dire qu’elles sont mobiles dans l’eau jusqu’à être prête à se fixer. Ainsi ce parasite peut se répandre plus facilement dans le milieu.
Des processus mécaniques et chimiques lui permettent de pénétrer dans une matière dure comme la roche ou les coquilles. Il peut aussi bien s’installer sur des coquilles de mollusques morts ou vivants. Sur ces derniers il n’y a peu voire pas d’effet sur la survie de l’animal. Seulement quelques cas d’infestations importantes peuvent amener le mollusque à mourir. En effet, la dépense énergétique du coquillage pour réparer les dégâts engendrés par ces attaques peut affaiblir.
Le seul inconfort de cette infestation est principalement esthétique. Cela est préjudiciable à la valeur marchande de l’huître, mais n’altère pas la qualité gustative de celle-ci.