Encore une mauvaise année (2021) pour la seiche sur l’ouest Cotentin

Publié le 25 août 2021 | Nos travaux, Pêche |
La seiche est une espèce emblématique de la Normandie qui génère une activité importante pour les chalutiers côtiers et hauturiers ainsi que pour les caseyeurs. Espèce bien connue pour sa variabilité des captures interannuelles, les débarques sur la côte ouest du Cotentin sont en fortes baisses depuis plusieurs années. Un indicateur d’évolution des pontes de seiches a été mis en place en 2012 montrant également moins d’œufs pondus chaque année et une disparition des supports naturels de pontes dans les secteurs suivis par le SMEL. Alors que les cours se maintenaient par le manque de produit, le confinement de 2020 avait entrainé une chute de 25 à 30% des prix de vente sous criée, les faibles volumes ont permis aux cours de se redresser en 2021.


Une espèce phare menacée sur les côtes Normandes

La Normandie est la première région de débarque de seiches en France. Selon Normandie Fraicheur Mer (NFM), 4600 tonnes de céphalopodes par an, dont principalement la seiche, sont pêchées des côtes de l’ouest du Cotentin à la baie de Seine. Toutefois, les captures sont en fortes baisses ; pour exemple, les débarques en criée de Granville, généralement de l’ordre de 600 à 800 tonnes par an dans les années 1990 à 2010, se sont effondrées à 200-250 tonnes par an depuis quelques années. Espèce à durée de vie très courte (environ 2 ans sur nos côtes), la seiche est très sensible aux variations environnementales, à la dégradation des sites et des supports de ponte mais également à la pêche excessive ou à la destruction des œufs.

Un indicateur de suivi des pontes depuis 2012

Comme indiqué dans l’article « Inquiétude sur la pêcherie de seiche normande » d’avril 2019, le SMEL réalise depuis 2012 un suivi des pontes de seiches sur les secteurs de la pointe d’Agon (Ouest du Cotentin, Manche) et de Luc-sur-mer (Calvados). Ce suivi est, d’une part, basé sur la mise en place d’orins (30 par site) durant 3 mois (avril à juin) ainsi que sur 6 plongées dérivantes d’observation des pontes sur supports naturels. Un indicateur est calculé sur la base des données recueillies en 2012 (année de référence= 100%). En baisse depuis 2012, notre indicateur global est similaire à 2020 mais très contrasté entre le Calvados où l’indicateur est quasiment à son plus bas niveau (28 œufs/orin en 2020, 37 œufs/orin en 2021 contre 417 en 2014) et l’Ouest Cotentin où l’indicateur est stable par rapport à 2020 (94 œufs par orin en 2020 et 80 œufs par orin en 2021). Paradoxalement, la quantité d’œufs observée sur les supports naturels sur la côte ouest du cotentin est encore plus faible que 2020 (12 œufs / 1000 m², moitié moins que ces 4 dernières années). On pourra noter la disparition progressive des supports naturels de pontes (sabelles, bryozoaires, …) dans les secteurs observés au large d’Agon-Coutainville ne permettant plus aux seiches de fixer leurs œufs.

Des débarquements en chute sur l’ouest Cotentin mais un prix en hausse

Les débarquements printaniers en criée de Granville ont chuté à 107 t de janvier à juin 2021 (halle à marée de Granville / CRPMN), contre 183 sur la même période en 2020 alors que les débarques étaient près de 500 t en 2012, 2013 et 2016. Les pêcheurs professionnels indiquent une mauvaise année heureusement compensée par des cours en hausses par rapport aux années précédentes. En effet, le prix moyen en criée est passé de 3.39 € (avril-mai 2019 pour des seiches de classe 10 qualité A), 2.42 € (avril-mai 2020 pour des seiches de classe 10 qualité A) à 3.72 € (avril-mai 2020 pour des seiches de classe 10 qualité A) montant à près de 5 € pour des seiches de classe 20 voire 6 € en Extra.

Volume des seiches (janvier à juin) sous la criée de Granville (Données Halle à Marée de Granville)
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