La présence de microplastiques dans les produits de la mer fait l’objet d’une forte médiatisation, un sujet sensible vis-à-vis des consommateurs. Au premier rang des filières impactées, la conchyliculture, développée en milieu ouvert, subit de plein fouet cette problématique constituant un axe supplémentaire des enjeux sanitaires. Aussi, le CRC-NMdN a sollicité le SMEL afin de faire un état des lieux de la situation dans les produits conchylicoles normands. En effet, aucune donnée dédiée spécifiquement aux produits normands n’était disponible en 2016.
Sur la base d’un plan d’échantillonnage permettant de couvrir tous les secteurs de production de la Manche et du Calvados, huîtres, moules, palourdes et coques ont été échantillonnées et analysées par LABEO pour réaliser cette première évaluation.
Les résultats montrent que tous les produits, quels que soient les secteurs, contiennent des microplastiques. Globalement, moins d’un animal sur deux (48,5 %) révèle une assimilation de particules. La prévalence tend à être un peu plus forte dans des secteurs plus directement impactés par les apports de grands bassins versants. Cependant, les masses d’eau du large semblent également fournir un flux de particules car cette présence est relevée également dans un secteur comme l’archipel des Iles Chausey.
En moyenne, tous secteurs confondus, ce sont les moules qui contiennent la concentration la plus faible avec 0.57 ± 0,13 particule/ individu I.C.95. Les huîtres présentent une concentration de 1.71 ± 0,15 particule/individu I.C.95, les palourdes 1.40 ± 0,43 particule/individu I.C.95 et les coques 1.57 ± 0,40 particule/individu I.C.95.
Les particules de microplastiques sont retrouvées sous deux formes : fibres et morceaux. Dans cette étude, les fibres sont très majoritaires, représentant 92 % (moules), 79 % (palourdes) et 68 % (coques et huîtres) des particules dénombrées.
Enfin, si la caractérisation chimique des plastiques n’a pu être réalisée, une caractérisation basée sur la couleur a permis d’obtenir une vision de la diversité des sources de contamination. Ainsi, quelle que soit la forme des particules, la couleur bleue est fortement majoritaire, 100% des particules chez les fouisseurs palourdes et coques et 75% chez les filtreurs moules et les huîtres. Ainsi ces derniers contiennent une plus grande diversité de couleur (noire, rouge, verte, beige) de particules pouvant suggérer une diversité plus importante des sources ou une assimilation différenciée par rapport aux fouisseurs. Pour aller plus loin dans cette caractérisation, tous les échantillons de particules ont été conservés dans l’optique d’une identification ultérieure plus fine.
Cette étude constitue donc un tout premier état des lieux de cette problématique dans les produits conchylicoles normands et apporte des données qui pourront à l’avenir servir de référence initiale. D’autre part, il peut être envisagé également de travailler plus précisément sur les sources du flux microplastique notamment chez les filtreurs afin de savoir si les outils zootechniques (filets, élastique, poche etc.) peuvent être à l’origine d’une partie des sources de contamination plastique.
MICROPLAST : Évaluation des microplastiques dans les produits conchylicoles normands
Jean-Louis BLIN (1), N. LAISNEY (1), Vincent LEFEBVRE (1), Suzy MOAL (1), Elodie CAUVIN (2), Fabienne BENOIT (2) & Manuel SAVARY (3) . 2020.
(1) SMEL, Zac de Blainville, 50560 Blainville-sur-mer, France
(2) LABEO, 1352 avenue de Paris, 50008 SAINT-LÔ Cedex
(3) CRC NMdN, 35, route du littoral, 56560 Gouville-sur-Mer
PARTENARIAT TECHNIQUE.
PARTENARIAT FINANCIER.