Les platiers rocheux ont un intérêt patrimonial avéré et sont situés dans des zones littorales à forts enjeux socio-économiques. Toutefois, ces substrats rocheux intertidaux normands ne sont intégrés dans aucun suivi de faune ou d’habitats à l’échelle régionale ou nationale. De plus, dans le cadre des différentes directives européennes sur le bon état écologique (DCE et DCSMM), la faune des substrats durs à dominance d’algues n’était pas prise en compte jusqu’à maintenant. Le GEMEL-Normandie en collaboration avec l’Association Patrimoine Géologique de Normandie (APGN) teste un protocole de suivi sur les côtes du Calvados. Les résultats des campagnes de terrain seront comparés aux mouvements sédimentaires obtenus grâce aux photographies réalisées avec drone par le SMEL. Cette étude (FANFARE) initiée en 2018 prendra fin en septembre 2020.
Les platiers rocheux peu étudiés en Normandie.
L’estran calvadosien est constitué de plages de sables fins à grossiers associés à des bancs de galets alternant avec des ensembles de substrats durs (calcaires ou marneux). Cet estran est étudié depuis plus d’un siècle par les naturalistes normands. Ces platiers rocheux à dominance de faune (moules : Mytilus edulis) et d’algues brunes (Ascophyllum nodosum, Fucus spp) présentent une particularité liée aux systèmes à fort hydrodynamisme dans lesquels ils se trouvent. Ils sont recouverts par intermittence par des aplats de sables fins très mobiles (parfois entre deux cycles de marée de 15 jours) qui modifient les paysages et les communautés en place. Des études plus récentes se sont focalisées sur la baie des Veys, la baie d’Orne et l’estuaire de Seine qui sont des secteurs à forts enjeux socio-économiques avec les pêcheries de coques et les ensembles portuaires (Caen-Ouistreham et Le Havre). Hormis deux stations « macroalgues » appartenant au contrôle de surveillance benthique des masses d’eaux côtières dans le cadre de la DCE (Grandcamp-Maisy et Saint-Aubin), les substrats durs sont peu suivis.
Un protocole d’étude standardisé testé sur les côtes du Calvados
Il s’agit de mettre en place un protocole facilement transposable pour les coordinateurs et leurs opérateurs dans le cadre des directives européennes (DCE, DCSMM). Ce protocole ainsi que sa faisabilité ont été développés dans un projet conduit par le GEMEL-Normandie et vous pouvoir être testés, dans la phase expérimentale de l’étude, à l’échelle du littoral du Calvados de Grandcamp-Maisy à Luc-sur-Mer. Les platiers ont la particularité d’être situés dans un système à fort hydrodynamisme induisant des mouvements sédimentaires récurrents et pouvant ainsi être recouverts. Cette pression naturelle peut entrainer une modification des communautés en place. Il s’insère donc dans les problématiques écologiques et environnementales spécifiques aux platiers rocheux du Calvados.
Associer les photographies par drone à des campagnes de terrain
Sur trois sites d’étude (Grandcamp-maisy), Falaise de Cap Romain (Bernières-sur-mer), Luc-sur-mer/Lion-sur-mer], une étude morpho-sédimentaire est conduite chaque saison afin d’identifier les mouvements sédimentaires en lien avec les conditions météorologiques. Pour cela, 4 campagnes de vol de drone seront conduites sur chacun des sites : volant à 100 m d’altitude à environ 20 km/h, le drone prend une photo toutes les 5 secondes permettant de réaliser une ortho-photographie très précise des aplats de sable.
Les assemblages faunistiques et floristiques des platiers rocheux sont suivis sur 8 sites entre Grandcamp-Maisy et Luc-sur-mer selon un protocole inspiré de la stratégie algologique de la Directive Cadre Stratégie Milieu Marin (DCSMM) prenant en compte la faune associée du suivi biodiversité faune/flore de la Cellule de Suivi du Littoral Normand (CSLN) et du protocole PRIBes . Dans un contexte de science participative encadrée par les scientifiques du GEMEL-N, des bénévoles participent aux campagnes d’échantillonnage.
Une cartographie des substrats rocheux est réalisée sur l’ensemble du secteur de Grandcamp-Maisy à Luc-sur-Mer. Les unités sont classifiées en trois types [platiers à dominance algale, platiers à dominance de faune, sédiments meubles].
Un outil de diagnostic pour les gestionnaires
Le développement de ce protocole et sa mise en application pourront être un outil supplémentaire à la qualification des masses d’eaux et au suivi des habitats (DCE et DCSMM) pour les scientifiques, les gestionnaires et les instances gouvernementales (DREAL, AFB). Les connaissances acquises (faune, flore et habitats) et l’application du protocole standardisé pourront être des éléments de réponse aux objectifs de gestion des sites pour les gestionnaires (DocOb). Elles permettront de répondre aux descripteurs de la Directive-Cadre Stratégie sur le Milieu Marin D1 (Biodiversité), D2 (Espèces non indigènes) et D4 (Réseaux trophiques).
Partenariat technique.
Partenariat financier.