Gestion des biomasses mytilicoles

Publié le 22 septembre 2022 | Cultures marines, Nos travaux, Ressources documentaires |
La gestion des biomasses de moules en élevages reste une question importante pour la profession pour maintenir une production de qualité tout en ayant de bons rendements. Les leviers dont disposent la profession sont peu nombreux car la majeure partie de l’élevage se déroule dans un milieu ouvert.


Contexte et objectifs.

Consciente de la nécessité de maîtriser les biomasses en élevage, la profession mytilicole a, dès les années 90, considéré les secteurs d’élevage comme étant saturés, puis a mis en place en 2011, un taux d’ensemencement maximal de 70%, qui vient s’ajouter aux règles déjà inscrites au schéma départemental des structures (linéaire exploité, nombre de pieux…). Cependant, face à des contraintes de type prédation puis récemment, d’ordre zoosanitaire, la profession reste préoccupée par les variabilités potentielles de production et notamment de la qualité des moules de bouchot en Normandie.

Ainsi, elle a sollicité le SMEL pour apporter des éléments objectifs sur la maîtrise des biomasses sur pieux dans le but de rationaliser la production en limitant la quantité de moules sous-taille commercialisable sur une durée d’élevage si possible inférieure à 2 ans. Si depuis de nombreuses années, les réseaux du SMEL apportent des éléments sur la variabilité spatio-temporelle de la production mytilicole, si des études comme OGIVE ont tenté d’apporter des outils de gestion des espaces, il n’y a jamais eu encore d’évaluation de l’impact des charges en naissain au niveau des pieux sur la production nette finale.

Les objectifs de cette étude étaient donc de :

  • Faire la démonstration et sensibiliser les mytiliculteurs sur l’importance de la maîtrise des biomasses de moules dès l’ensemencement en naissain sur la qualité de la production mytilicole normande.
  • Fournir de nouveaux éléments objectifs aux gestionnaires des cultures marines.
  • Promouvoir des pratiques vertueuses pour une production de moules normandes de qualité.
Principaux résultats
  • Expérimentation en milieu contrôlé

L’impact des densités d’élevage sur la physiologie des moules a été visualisé via les expérimentations en milieu contrôlé. Ainsi logiquement, à ration alimentaire égale, plus les effectifs sont importants moins les animaux ont individuellement accès à suffisamment de nourriture. Les moules plus jeunes (1 an) ayant un métabolisme croissance sans doute beaucoup plus actif, réagissent rapidement à des variations de nourriture. L’impact des fortes densités est donc directement lisible en termes de croissance et taux de remplissage alors qu’avec des moules de 2 ans l’impact sur la croissance sur du court terme est un peu plus difficile à visualiser. Il n’en reste pas moins que cela génère, quel que soit l’âge, une difficulté pour ces animaux à résister à des stress pathogènes (exemple ici d’une infection expérimentale par Vibrio splendidus). Il est probable que ce déficit (en énergie) affecte la capacité des moules à pouvoir se défendre contre une agression bactérienne comme celle simulée dans cette expérimentation et que, plus ce déficit est important plus sensibles seront les moules.

En fonction de l’âge des animaux, un différentiel de taux de filtration est notable, ce qui peut générer des interactions différentielles entre les cheptels lorsqu’ils sont dans le même milieu. Ainsi à fortes densités, des conditions trophiques limitantes vont défavoriser les jeunes moules directement en compétition avec les moules plus âgées plus performantes en taux de filtration.  En condition trophique non limitante, les moules d’un an réussissent à profiter de la ration alimentaire ce qui leur confère des caractéristiques proches des moules de 2 ans. Dans ce cas, tout stress pathogène appliqué en condition trophique défavorable va générer de la surmortalité notamment sur les moules de 1 an.

  • Expérimentations en milieu naturel

Dans le milieu naturel, tous les facteurs sont intimement liés les uns aux autres. Ainsi, l’accès à la nourriture dépend de la richesse du milieu au cours de l’élevage (variations saisonnières mais également interannuelles en fonction des conditions météorologiques etc…) mais également du profil de bathymétrie, qui par le biais des temps d’exondation différentiels va impacter les temps de prise de nourriture. Cependant, le facteur « pertes » globales d’effectifs induit soit par de la prédation (le cas au cours de cette expérimentation), soit par des surmortalités liées à des pathogènes, soit par des pertes liées à du dégrappage (courants, frottement etc…), va moduler les rendements obtenus à la récolte et les caractéristiques des moules commercialisables. Ces pertes existent dès la phase de pré-grossissement sur chantier et peuvent être très élevées (dans le cas de cette étude, pertes de 2/3 des effectifs entre juillet et septembre). Ensuite des pertes comprises entre 28% et 55% à 11 mois sont observées. Puis, ces taux moyens se stabilisent autour de 71% à 78% des effectifs pour un cycle long de 20 mois.

Dans tous les cas, un doublement des effectifs de moules en début d’élevage par le biais du nombre de cordes implantées sur pieu, génère toujours plus de moules sous-taille (pour les cycles courts) et a toujours un impact sur la longueur des coquilles, leur poids total, leur poids de chair (frais ou sec) quelle que soit la durée ou la hauteur bathymétrique d’élevage.

Cette étude a également permis d’obtenir des chiffres de références concernant les poids d’épibionte et les quantités de déchets en fonction des charges initiales en moule.

Si le risque « infestation » par le Mytilicola reste globalement toujours « faibles » à « assez faible » sur le secteur d’Agon, quelques petites variations ont montré un nombre de moules infestées plus important dans le cas des plus fortes densités.

Enfin, le risque « pathogène » lié à la présence de Francisella halioticida a été très faible au cours de l’étude (très peu de détection) ce qui ne permet pas de conclure sur l’impact des densités.


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    GESTION DES BIOMASSES MYTILICOLES

    Étude 2019 – 2020

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