La qualité des eaux utilisées dans les zones conchylicoles est un enjeu majeur pour le bon fonctionnement des entreprises. Après avoir suivi les réseaux publics des eaux de forage puis de pompage de la zone de Blainville-sur-Mer, le SMEL suit, depuis avril 2018, le réseau collectif d’eau de de mer de la zone conchylicole de Gouville-sur-mer. Entre sonde multiparamètres et analyses en laboratoire, Des paramètres hydrobiologiques et physicochimique sont suivis permettant de caractériser les fluctuations en fonction des périodes de l’année.
La situation du pompage à Gouville-sur-Mer.
Pour ses activités à terre, l’activité conchylicole et de mareyage a besoin d’eau de mer de qualité pour pouvoir stocker les produits d’élevage (huîtres et moules) ou de pêche (coquillages et crustacés entre autres). De plus, les bassins de ces entreprises peuvent servir de bassins d’épuration des produits avant commercialisation, d’où la nécessité pour les gérants de distribuer une eau d’excellente qualité.
Avec la création de la zone conchylicole de Gouville-sur-Mer en 2000, un bassin de purification de 4 000 m3 a été implanté à l’aval de la station de pompage existante afin d’assurer une épuration d’eau de mer par les UV et de garantir une réserve de l’ordre de 24h pour l’ensemble des entreprises implantées sur cet espace . Un suivi de l’eau de mer pompée pour cette zone a été initié entre le SMEL et la Communauté de Communes Coutances Mer et Bocage afin de suivre l’évolution de cette eau sur différents paramètres.
Plusieurs paramètres suivis
Lancé en Avril 2018, le protocole a tout d’abord été mis en place lors d’un stage de 2 mois (Qualité des eaux de pompages des zones conchylicoles) afin de définir les différents paramètres et leurs suivis et d’optimiser un suivi sur le long terme. De ce travail, il a été décidé de suivre plusieurs paramètres :
- La température, la salinité et la hauteur d’eau sont suivies par une sonde STPS (Sonde Température Pression Salinité) qui effectue un relevé à haute fréquence (toutes les heures)
- Des prélèvements sont effectués toutes les deux semaines en période de vives eaux et permettent de suivre plusieurs paramètres : oxygène dissous, les différents sels nutritifs (ammonium, nitrite, nitrate, phosphate, silicate), les matières en suspensions et la chlorophylle a.
- Des tests sur larves d’oursins sont faits tous les mois afin de tester la qualité biologique du milieu
Toutes ces valeurs sont comparées avec une station de référence en mer, située à Gouville-sur-Mer et suivie dans le cadre du réseau HYDRONOR, exception faite de la matière en suspension dont le référentiel « mer » est situé au niveau du point de pompage, plus proche de la côte.
Les premiers résultats.
Afin d’illustrer ce suivi, il est choisi de présenter les résultats provisoires de 3 paramètres. Concernant la température du bassin, le graphe montre le suivi de l’année 2019. La température du bassin est généralement supérieure à celle relevée en pleine mer, notamment durant la période estivale. Cependant, l’année 2019 a connu de fortes chaleurs durant cette période avec notamment deux canicules. Dans le bassin, il a été relevé des températures proches de 25,5°C alors qu’en mer, le thermomètre n’a pas atteint les 22°C.
Concernant les matières en suspensions, il apparait nettement que le taux dans le bassin est très généralement est inférieur ou équivalent aux taux relevés en pleine mer. Les premiers résultats tendent à montrer que le bassin permet aux particules fines de se déposer et d’envoyer dans le réseau de l’eau moins chargée. L’abattement moyen de matières en suspension sur la période d’études est de 28% dans le bassin.
Pour la chlorophylle a, signe potentiel d’apparition de blooms phytoplanctoniques, on voit que les concentrations suivent généralement celles retrouvées en milieu ouvert excepté durant l’été 2018 où l’on voit une augmentation autour du 15 août.
Même si les résultats sont aujourd’hui trop partiels pour conclure sur le fonctionnement du bassin, il semble, en comparaison de nos suivis antérieurs (https://www.smel.fr/2015/01/17/qualimerop/), que le bassin de Gouville-sur-Mer fonctionne correctement et permet de distribuer une eau de mer de qualité aux utilisateurs de la zone conchylicole. Cependant, une réflexion pourra être menée avec le gestionnaire du bassin pour optimiser le fonctionnement du réseau comme la qualité de l’eau de mer fournie aux utilisateurs.