Parmi les espèces à haute valeur ajoutée, l’oursin violet Paracentrotus lividus, que l’on trouve sur les côtes méditerranéennes et bretonnes, présente des atouts aquacoles intéressants. Après de nombreuses années d’études, le SMEL maîtrise l’élevage de cette espèce en circuit semi-fermé. Toutefois, la rentabilité d’un tel investissement n’est pas assurée. Cependant, l’élevage garde un intérêt pour différentes applications comme le maintien de géniteurs a but de recherche en interne comme vers d’autres équipes et pédagogique, notamment vers les collèges et lycées. L’alimentation dans un élevage en conditions contrôlées reste le facteur limitant. Cette étude montre qu’une alimentation conjuguée algue – maïs permet d’augmenter la capacité de l’élevage d’oursins tout en limitant la pression sur les stocks naturels d’algues.
Près de vingt années d’étude nécessaires au développement du process
Suite à un concept développé par un professeur de l’Université de Caen au début des années 1980, le SMEL a mis en place, en collaboration avec l’université Libre de Bruxelles et le CREC (UNICAEN – Luc sur mer) des expérimentations permettant d’étudier tous les stades de l’élevage en conditions contrôlées : le conditionnement des géniteurs, l’écloserie, la nurserie, le grossissement et l’affinage. Ces études conduites jusqu’au début des années 2000, ont permis de maîtriser entièrement le cycle d’élevage et ainsi produire des oursins présentant un bon taux de remplissage en vue de la commercialisation.
Un élevage de niche peut présenter un intérêt économique
Les coûts de production ne permettent pas aujourd’hui de rivaliser avec les prix de vente des oursins péchés en mer. En effet, avec des tarifs relevés à moins de 10€ le kilo parvenu en France (photo ci-dessus), l’oursin pêché en Espagne est trois à quatre fois moins cher que ce qui peut être proposé en élevage. Néanmoins, en diversification d’autres élevages, pour des petites quantités dans des secteurs de niches (recherche, éducation…) l’élevage présente un intérêt majeur de produire des géniteurs d’excellente qualité toute l’année et de fournir des petites quantités normalisées (photo ci-dessous).
L’alimentation des oursins, un paramètre majeur pour le grossissement et le conditionnement des géniteurs
Une étude a été menée pour évaluer la croissance des oursins avec différents types d’algues (Laminaire et Palmaria) associées ou non avec du maïs en grain. Aucune différence n’a été observée sur la mortalité mais la croissance est plus élevée avec du maïs associé à la Palmaria. Ainsi, durant 2 ans, un élevage expérimental a permis d’évaluer les potentialités de cette alimentation. Les oursins les plus performants ont atteint une taille de 40 mm à l’âge de 15 mois. L’expérimentation montre également une grande hétérogénéité et une croissance moyenne relativement lente. L’extrapolation à l’aide d’un modèle mathématique Montre qu’il faudrait 49 mois pour que la moitié de la cohorte atteigne la taille de 40 mm. D’autre part, une alimentation basée sur le maïs nécessite une période d’affinage d’environ 3 mois pour obtenir des oursins de bonne qualité gustative. Ces résultats ont été publiés dans une revue scientifique internationale.
Use of maize as a food source for sea urchins in a recirculating rearing system
Olivier Basuyaux & Jean-Louis Blin. 1998.
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