Le réchauffement de l’eau de mer pourrait perturber la reproduction du buccin.

Publié le 27 janvier 2017 | Nos travaux, Pêche |

Chez le buccin, très peu d’informations sont disponibles concernant l’impact de la température sur sa reproduction. Elles sont pourtant essentielles pour comprendre et projeter d’éventuels problèmes de recrutement de l’espèce. Les travaux menés dans le cadre de BESTCLIM ont montré qu’une élévation trop importante de la température pouvait avoir un effet négatif sur le cycle de reproduction du buccin.



Une gamétogenèse retardée

La stratégie de reproduction du buccin est relativement aisée puisqu’il est capable de pondre sur tout type de support (supports naturels : algues, roches, coquilles ou supports artificiels : cordages, casiers…). Les pontes peuvent se propager facilement au gré des courants particulièrement importants dans l’ouest Cotentin et l’absence de phase pélagique des jeunes buccins augmente leur capacité de survie. Mais la reproduction du buccin est perturbée par un réchauffement des masses d’eau. Ceci a pu être vérifié dans les plateaux techniques du SMEL en réalisant un suivi de la gamétogenèse sur des géniteurs exposés à différents scénarios climatiques (scénario chaud, froid et Cotentin) et comparés à des animaux du milieu naturel. Une élévation de 3°C au-dessus de la température du Cotentin entraîne un retard du déclenchement de la gamétogenèse : en février, 60% des animaux sont au repos sexuel (configuration a et b sur la figure ci-dessous) et 30% n’ont pas encore copulé et présentent des gamètes résiduels (configuration g et h) ; dans le milieu naturel à la même période, 80% des buccins ont copulé et ont relancé leur gamétogenèse.

cycle annuel référentiel
Une durée d’incubation des pontes plus courte

Dans le Cotentin, la période de pontes dure en moyenne 3 mois entre les mois de décembre et février et 95% des pontes sont regroupées sur les 2 premiers mois. Dans une eau plus chaude, cette durée est raccourcie et de 78 ± 2.2 jours contre 90 ± 10,2 en eau froide.

Un nombre de pontes plus faible et un taux d’éclosion moins efficace.

La température influe directement sur le nombre de pontes émises par les femelles. Un scénario chaud entraîne jusqu’à trois fois moins de pontes comparé à un scénario froid. Une température trop chaude a aussi des répercussions néfastes sur la qualité des pontes qui se dégradent progressivement. Le nombre de juvéniles viables à l’éclosion diminue ce qui impacte directement le recrutement.

Les connaissances acquises sur le buccin ont pointé le réchauffement de l’eau comme facteur de fragilité de l’espèce, avec des répercussions sur le bon déroulement de sa reproduction. Une transposition de ces résultats dans le Cotentin ne peut être exclue et une élévation conséquente de la température pourrait être nuisible à la pérennité de la ressource.

Le rapport complet sera mis en ligne courant septembre.

Pour contacter le correspondant SMEL de cette étude

    Votre nom (obligatoire)

    Votre email (obligatoire)

    Sujet

    Votre message


    Partenariat technique.

      

    Partenariat financier.


    Partagez cet article :

    Les commentaire sont fermés.