Une quinzaine d’années (1988-2003) de recherche et de développement a été nécessaire au SMEL pour mettre au point une technique d’élevage de l’ormeau européen en conditions contrôlées. La maîtrise des différentes phases de l’élevage permet de produire des ormeaux de la naissance à la commercialisation dans des bassins à terre.
L’élevage à terre permet de contrôler l’ensemble des paramètres
Les essais d’élevage et/ou réensemencement des ormeaux en mer ouverte, réalisés dans les années 80, ont montré leurs limites en termes de croissance, mortalité, pollution, épizootie, risques… La maîtrise des paramètres d’élevage permet un gain important de croissance, limite les risques météorologiques, les dégradations du matériel… et permet la maîtrise des maladies.
Un élevage en 5 phases bien distinctes
Le conditionnement des géniteurs, basé sur la maîtrise de la température de l’eau, la photopériode et la qualité de l’alimentation, permet d’obtenir des ormeaux matures toute l’année. La reproduction est réalisée dans une écloserie, les larves nageuses durant 4 jours se fixent dans des bassins préparés avec un développement de micro et macroalgues. Après 3 mois en nurserie, les juvéniles atteignent 4 à 5 mm de longueur ; leur prégrossissement permet la transition délicate vers un régime alimentaire de macroalgues (palmaria palmata) dans des structures d’élevage en toboggan. Le grossissement, consiste à amener les ormeaux à la taille commercialisable souhaitée (25 mm à 1 an, 55 m à 2 ans…). La nature et la qualité des algues disponibles induiront des croissances différentes.
Des études scientifiques à des fins appliquées
La maîtrise de chacune de ces cinq phases a nécessité des travaux de recherche et de développement par le biais d’expérimentations ciblées à petite échelle mais également en collaboration avec une ferme pilote (Echinoxe). L’agrégation de ces données dans un modèle économique a établi les coûts de production des ormeaux.
La maîtrise de la production mais un développement économique difficile
Depuis la fin des années 90, plusieurs fermes ont tenté de se développer dans le département de la Manche. Chacune d’entre a su produire des ormeaux, parfois en très grandes quantités, mais la vente de ce gastéropode, pourtant très recherché par certains consommateurs, a montré ses limites et n’a pas permis le développement économique escompté. Aujourd’hui, la production aquacole mondiale s’envole avec des coûts de production très faibles ne laissant que peu de marge aux aquaculteurs de notre territoire.
Étude et modélisation des paramètres physico-chimiques sur la croissance de l’ormeau (Haliotis tuberculata) en élevage en circuit semi-fermé.
O. Basuyaux. octobre 1997.
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