Les conclusions de SNOTRA sont disponibles…

Publié le 20 novembre 2023 | Nos travaux, Pêche, Ressources documentaires |

Conduit entre 2017 et 2019, le projet SNOTRA (Sargasses de NOrmandie : ValorisaTion d’une Ressource Algale) a permis de mettre en évidence le potentiel d’exploitation de l’algue brune Sargassum muticum, fortement présente sur les côtes normandes.  De sa récolte à son application en qualité de biostimulant ou de bio-structurant des sols dans les champs de cultures maraichères, les différents aspects d’une filière ont pu être abordés et donner des résultats encourageants pour envisager une exploitation à moyen terme de cette algue invasive. L’ensemble des résultats est aujourd’hui disponible dans un rapport téléchargeable dans cet article.


Une ressource bien présente.

Financé par le Fonds Européen pour les Affaires Maritimes et la Pêche (FEAMP mesure 26, innovation pêche) et la région Normandie, ce projet est mené par un partenariat autour de Synergie Mer Et Littoral (SMEL), du Comité Régional de la Conchyliculture Normandie Mer du Nord (CRC NMdN), du Comité Régional de la Pêche et des Elevages Marins de Normandie (CRPMEM-N), de la société ALGAIA et de la station d’expérimentation légumière de Normandie SILEBAN. Le projet SNOTRA a cherché à évaluer les différents aspects d’une filières sargasses, de son exploitation à sa valorisation.

Faisant suite au projet SARGASSES financé par la région Normandie (2015 – 2016), l’un des principaux travaux était d’évaluer la capacité de production de cette algue. Si elle est présente sur la grande majorité des côtes normandes, son exploitation n’est possible qu’en certains endroits. 4 grands sites ont ainsi pu être répertoriés : la côte de Nacre (notamment autour de Bernières-sur-Mer) et le secteur de Grandcamp-Maisy dans le Calvados, et les sites de Bricqueville-sur-Mer / Bréhal et le secteur d’Agon-Coutainville dans la Manche. Sur l’ensemble de ces secteurs, le stock disponible au moment de la récolte (Avril à Juillet) serait d’environ 15 000 tonnes, à marée basse de grands coefficients.

Carte des sites potentiels de récolte de sargasses en Normandie (@SMEL)

Des premiers essais de récolte ont donc pu être effectués, soit « à la main » par des pêcheurs professionnels, donnant des résultats allant jusqu’à 500kgs / heure / personne. Mais, il s’agit d’un travail physiquement difficile. C’est pourquoi un test mécanisé a pu être testé, avec un godet faucardeur installé sur un tracteur. Les essais effectués sur une petite unité expérimentale donnent des résultats autour d’une tonne par heure, résultats qui ne pourront qu’être améliorés (taille du godet, expérience du récoltant, connaissance des sites…).

Des résultats encourageants sur les extractions et les applications.

Concernant l’extraction, il a fallu suivre les différentes variations de concentrations des molécules souhaitées. Si on voit une variation interannuelle faible (inférieure à 1%), les variations au cours d’une même année sont plus importantes. Mais le plus souvent, les concentrations de la plupart des éléments sont maximales au cours de la saison de croissance et de récolte. C’est en juin et juillet que l’on retrouve les concentrations les plus importantes en mannitol, laminaranes ou encore les composés phénoliques. La période pour les fucoïdanes est un peu longue. Pour résumer, les composés d’intérêt pour les biostimulants sont plutôt présents en été alors que les alginates, utilisés pour la stabilisation des sols sableux, seront plutôt présents au printemps.

Ces produits ont pu faire l’objet de tests en laboratoire et en plein champ sur différentes cultures maraichères. L’ensemble de ces tests a permis de vérifier l’innocuité des produits. Par contre, pour vérifier d’éventuels effets bénéfiques sur les cultures testées (carotte, poireau, chou-fleur ou salade), les tests demandent une certaine répétabilité qui n’a pu être mise en œuvre au cours de ce projet. Les expérimentations sur ce sujet devront être poursuivies. Sur l’activité structurantes des sols par les alginates, les tests en soufflerie donnent des résultats encourageants. Il faudra à l’avenir passer aux tests en plein champ pour mesurer l’effet bénéfique de cette méthode.

Une poursuite des études sur des thématiques bien précises.

Les résultats obtenus lors de ce projet laissaient entrevoir la possibilité technique et scientifique d’exploiter cette ressource. Cependant, certaines données, notamment l’application des biostimulants produits à partir des sargasses sur les cultures maraichères devaient compléter la seule année de test effectuée en 2019. D’autres aspects devaient encore être poursuivis et notamment la réglementation qui ne permet la récolte mécanisée sur estran, bien que cet aspect soit en discussion au niveau du ministère. De plus, un focus sur les aspects socio-économiques n’a été que partiellement évoqué et doit être étudié de façon plus approfondie. C’est pourquoi il a été proposé une poursuite de ce projet à plusieurs financements aboutissant à une réponse positive de la part du même dispositif FEAMP que pour SNOTRA entre décembre 2021 et juin 2023. Les résultats de ce nouveau projet, intitulé SNOTRA 2, seront bientôt disponibles.


Partenariat technique

Partenariat financier


Télécharger le rapport d'études

Projet SNOTRA

“Sargasses de NOrmandie : valorisaTion d’une Resource Algale”

2017 – 2019

Delaunay, C, Bouteaux, P, Dehail, M, Savary, M, Tétard, X, Pien, S. Mars 2023
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