Après les premiers essais effectués entre 2013 et 2015, certains ostréiculteurs ont souhaité que se poursuive l’étude autour de l’exploitation des entéromorphes (Ulva sp.) présentes sur les poches d’élevage ostréicole. Pour cela, le partenariat s’est étoffé autour du SMEL et du Comité Régional de la Conchyliculture Normandie Mer du Nord (CRC NMdN) avec l’arrivée dans ce projet de la société ALGAIA et d’ACTALIA. Désormais financée par la région Normandie jusqu’à l’automne 2018, la recherche s’oriente vers une exploitation et une valorisation à l’échelle régionale de cette algue. Les premiers résultats obtenus sur le terrain permettent déjà d’avoir un aperçu de l’état de la ressource et de ses possibilités d’exploitation.
Un projet qui prend forme au fil des années.
Les essais réalisés entre 2013 et 2015 ont permis au SMEL, au CRC NMdN et aux ostréiculteurs partenaires de démontrer que l’exploitation de l’entéromorphe, algue verte filamenteuse présente sur les poches à huîtres au printemps, était prometteuse et qu’une étude plus approfondie était nécessaire. Cette réflexion a permis la naissance du projet « « Entéromorphes », soutenu par la région Normandie autour d’un financement « Synergie partenariale et actions novatrices », mais pour lequel un partenariat plus étoffé était indispensable. De ce constat, la société ALGAIA avec son laboratoire de « recherche et développement » basé à Saint-Lô (Manche) ainsi qu’ACTALIA avec son pôle « Innovations » également basé à Saint-Lô sont venues s’ajouter aux partenaires déjà présents.
Dans le cadre de ce projet « Entéromorphes », le SMEL et le CRC ont axé leurs travaux sur la partie exploitation qui comprend les autorisations de récolte (en lien avec l’Etat), les aspects scientifiques et techniques du ramassage et la liaison entre ce projet et les ostréiculteurs. Pour leur part, ALGAIA et ACTALIA sont plutôt en charge de la partie valorisation, extraction de molécules bioactives pour ALGAIA et identification de concepts de produits alimentaires, utilisant les bénéfices nutritionnels de cette algue, pour ACTALIA.
Les résultats de l’année très prometteurs pour la suite.
L’étude sur les concessions ostréicoles normandes durant le printemps et l’été 2017, par le stage de M2 de l’Universite de Caen de Solène Eustache, montre des résultats qui, souvent, confirment les chiffres obtenus les années précédentes et approfondit la réflexion sur l’intérêt de la récolte. La plupart de ces résultats ont été obtenus sur 2 sites très différents, Gouville-sur-Mer (Manche), bassin en mer ouverte et Grandcamp-Maisy (Calvados), au cœur de la baie des Veys et qui est aussi un estuaire de 4 petits fleuves côtiers.
Tout d’abord, l’étude démontre, sans surprise, que le retournement des poches, qui permet une meilleure croissance pour les huîtres, limite considérablement la pousse des algues. Cette pratique semble incompatible avec une éventuelle exploitation des algues sur les poches ou doit être adaptée. D’autre part, il existerait une différence entre la pousse en haut d’estran et en bas d’estran. Si elle semble plus importante en haut d’estran, elle est également plus sensible aux aléas climatiques (tempête, canicule,..) et les algues disparaissent plus rapidement dans l’année. Enfin, en comparant les deux sites d’études, on voit que la dynamique de pousse est différente. Elle est plus précoce et plus importante sur le site de la côte ouest du Cotentin (cf. graphe 1).
Les professionnels ont également participé à ce projet. Avec 4 d’entre eux, une pêche expérimentale était organisée fin juin / début juillet et a permis de donner une idée du rendement de pêche. Sur des poches non retournées, la productivité est d’environ 120 kg par heure et par personne, ce qui est très proche des résultats obtenus les années précédentes. Les récoltes plus faibles obtenues à Lestre (Manche) et Asnelles (Calvados) ont permis de confirmer l’influence du retournement des poches (cf. Graphe 2). D’autre part, une quinzaine d’ostréiculteurs a été interrogée sur l’opportunité d’exploiter cette algue. Il en ressort que, si cette activité est rentable, les professionnels seraient, dans l’ensemble, prêts à modifier leurs pratiques pour commercialiser les entéromorphes présentes sur leurs parcs.
Encore des nombreux points à élucider.
Il reste une année de travaux pour permettre de présenter plus de résultats. Tout d’abord, les études concernant l’aspect « Valorisation » ont pu débuter au cours de l’été. Ensuite, le printemps et le début d’été 2018 permettront de confirmer ou d’infirmer certains résultats obtenus en 2017 (différence haut/bas d’estran, rendement d’une pêche professionnelle,…) mais aussi de tenter de répondre à certaines interrogations intervenues lors des travaux de cette année (stockage des algues, influence sur la croissance de l’huître,…).
Partenariat technique.
Partenariat financier.
Projet Entéromorphes
Évaluation des possibilités de ramassage sur les poches ostréicoles en vue d’une valorisation en Normandie
Résultats des expérimentations de terrain en 2017.
Solène Eustche, Sébastien Pien. Février 2018.