Les résultats du projet SNOTRA 2 sont disponibles

Publié le 20 mars 2024 | Cultures marines, Nos travaux, Pêche |

Le projet SNOTRA 2, avait pour but de consolider certains résultats des projets SNOTRA et ENTEROMORPHES mais également aller plus loin dans l’analyse de la faisabilité technique, économique, sociologique et réglementaire d’une activité de récolte d’algues et de sa valorisation autour de différentes filières, notamment agricoles et agro-alimentaires.  A l’issue de ce projet, les résultats laissent à penser que cette activité est parfaitement envisageable, tout au moins d’un point de vue technique et économique. Du point de vue de la récolte, les solutions envisagées lors de projets précédents ont pu être validées.



Le projet SNOTRA 2

Avec le soutien financier de l’Union Européenne (dispositif FEAMP 2014 – 2020, mesure innovation pêche), ce projet s’est construit autour d’un partenariat normand constitué de Synergie Mer Et Littoral (SMEL), du Comité régional de la Conchyliculture Normandie Mer du Nord (CRC NMdN), le Comité Régional des Pêches Maritimes et des Élevages Marins de Normandie (CRPMEM N), du SILEBAN et d’ACTALIA. L’objet de cette étude est de compléter la connaissance sur l’exploitation et la valorisation, tant d’un point de vue technique, scientifique mais également réglementaire et économique de deux espèces d’algues bien différentes, la sargasse (Sargassum muticum), algue brune envahissante originaire du Japon qui envahit certains estrans de Normandie et les entéromorphes (Ulva sp.) présentes en grande quantité sur les poches à huîtres.

La sargasse en Normandie : des algues invasives exploitables

La récolte manuelle sur les barrages (600 kg/h/pers) comme mécanisée sur l’estran (1 à 3 tonnes par heure en fonction de l’engin de coupe) semblent toutes deux être des solutions qui permettrait d’initier une activité de récolte d’une algue invasive qui, par ailleurs provoque des nuisances et des dégâts tant sur le plan économique (échouages massifs sur les plages du Calvados, problématique en lien avec la mytiliculture sur les côtes de la ouest Cotentin…) qu’environnemental (limitation d’espaces pour les espèces endémiques, effet « canopée » limitant l’accès à la lumière pour les autres espèces…). D’autant que, sur la plupart des champs étudiés, il semble que le stock soit en augmentation depuis 2017. Toutefois, une récolte ne pourra s’envisager sans certaines recommandations. Une hauteur de coupe d’au minimum 20 cm est indispensable pour deux raisons essentielles. La première est de laisser en place la partie pérenne de l’algue et ne couper que la partie annuelle, celle qui finira par dépérir en fin d’été ou s’échouer sur les plages ou parcs conchylicoles. La seconde raison est qu’une coupe suffisamment haute permettrait de préserver en grande partie la faune et la flore associées. D’autre part, elle ne sera possible qu’à une certaine période de l’année (d’Avril à Juillet) et simplement en période de basse mer de vives eaux. Comme toute récolte ou pêche, un suivi des stocks récoltés pourra être mis en place ainsi qu’un suivi de croissance en cours de saison de récolte dans un but de gestion de la pêche. A terme, dans le cas où la demande deviendrait importante, la question d’une récolte embarquée pourrait être abordée par les acteurs économiques et institutionnels de cette activité. La récolte devra être directement acheminée vers le lieu de transformation (qui peut être relativement éloigné) ou une unité de séchage (plutôt à proximité des lieux de récolte) puis vers l’unité de transformation. La solution de stockage provisoire au niveau des zones conchylicoles semble être une solution difficile à mettre en place, donc coûteuse et réduisant la qualité de l’algue pour son traitement futur. De ces algues, deux types de produits sont initialement envisagés. D’un côté, une production de biostimulants à destination de la culture maraichère normande était ciblée. Les résultats obtenus au cours de SNOTRA et SNOTRA 2 donnent des résultats positifs sur la gestion de certains stress comme des attaques de pathogènes (chou), des semis tardifs (carotte) ou calibrage de plants adultes (poireau) qui devraient à terme limiter les intrants chimiques sur les parcelles de culture. L’autre usage ciblé dans le projet SNOTRA 2 était le remplacement du fumier de terrage pour les semis de carotte sur les parcelles sableuses de la côte ouest du Cotentin. Les tests en soufflerie ont confirmé l’efficacité des solutions d’alginate envisagées pour substituer le fumier, mais les essais en champ devront confirmer les tests en laboratoire.

Les entéromorphes : une possible voie de diversification pour l’ostréiculture

Seule la récolte manuelle est retenue comme modèle avec un rendement d’environ 120 kg/h/pers. Cependant, une récolte ne sera efficace et rentable que si l’ostréiculteur intègre la récolte d’algues dans son processus d’élevage d’huîtres. Pour atteindre ces rendements, il faut que les poches soient fournies en entéromorphes ce qui implique laisser pousser l’algue tout au moins sur la période printanière. Dans ce cadre, les récoltes pourront s’effectuer sur les mois de Mai à Juillet. Par conséquent, le travail des huîtres devra être adapté (travail de la poche sans retournement, retard du virage…) pour travailler sur des poches propices à la récolte. Même la technique de ramassage est encore perfectible, notamment intégrer l’industrie agro-alimentaire, elle permet une mise en conditionnement dès le départ qui favorise le retour à terre, puis le transport en camion frigorifique vers les unités de transformation avec ou sans un passage par les chambres froides des conchyliculteurs avant transport. Ensuite, deux possibilités de valorisation de cette algue fut étudiées au cours de ce projet. La première, au même titre que les sargasses, est vers l’industrie des biostimulants où les résultats montrent un effet positif sur les cultures légumières, souvent quand elles sont associées aux sargasses. La seconde est vers l’industrie agro-alimentaire. La très forte teneur des entéromorphes en magnésium a permis d’envisager de maquetter des produits axés sur la récupération et la santé.

Des activités potentiellement rentables

Au cours de ce projet, au-delà d’une étude technique et scientifique comme ont pu l’être les projets précédents, il était proposé d’étudier la faisabilité socio-économique d’une telle activité de récolte dans un contexte normand où aucune récolte professionnelle de macro algues n’existe sur ce territoire. Cette étude basée sur les résultats expérimentaux obtenus ces sept dernières années et sur l’expertise de nombreux acteurs potentiels révèlent qu’une activité de récolte pour ces deux algues serait rentable à moyen terme, voire à court terme. Elle permet d’imaginer initier une activité professionnelle qui, à petite échelle, permettra également d’apporter des éléments complémentaires à ces résultats et envisager à moyen et long terme une activité pérenne.

Mais, les acteurs de ces projets autour de ces deux algues sont les seuls à travailler ou à envisager de travailler sur les algues en Normandie. En analysant le tissu économique et sociologique, il apparait que l’ensemble de la chaine peut être effective sur le territoire normand. Mais, ce point n’était que trop peu connu à l’extérieur de la région comme à l’intérieur. Une structuration d’une filière encore en gestation est apparu essentielle pour le territoire comme pour la promotion du projet SNOTRA 2. Construite tout au long de la durée du projet, la structuration a permis à une vingtaine d’acteurs normands de se fédérer sous la bannière Normandie Filière Algues (NFA) pour envisager des échanges techniques et des collaborations entre les acteurs, une promotion commune vers l’extérieur… Les premiers travaux effectués au cours de ce projet étaient de poser les bases de cette structuration qui continue aujourd’hui à se construire.

Pour demain…

A l’heure actuelle, l’exploitation des algues n’est toujours pas possible en grande partie pour des raisons réglementaires. Mais, les résultats de ces travaux devraient contribuer très largement à poursuivre le dialogue avec les différentes autorités pour faire exister une activité qui existe dans d’autres régions françaises. Ils montrent une faisabilité technique, scientifique, économique voire sociologique autour de l’exploitation de ces deux espèces d’algues et un tissu économique normand prêt à s’investir plus largement autour d’une filière algues en Normandie.

NB : le texte ci-dessus extrait de la conclusion du rapport SNOTRA 2.


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    Projet SNOTRA 2

    Sargasses et entéromorphes de Normandie : valorisaTion de Ressources Algales 2

    2021- 2023

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