La seiche est une espèce emblématique de la Normandie qui génère une activité importante pour les chalutiers côtiers et hauturiers ainsi que pour les caseyeurs. Espèce bien connue pour sa variabilité des captures interannuelles, les débarques sur la côte ouest du Cotentin sont en forte baisse depuis plusieurs années. Un indicateur d’évolution des pontes de seiches a été mis en place en 2012 montrant également moins d’œufs pondus chaque année et une disparition des supports naturels de pontes dans les secteurs suivis par le SMEL. Alors que les cours se maintenaient par le manque de produit, le confinement a entrainé une chute de 25 à 30% des prix de vente sous criée. Les pêcheurs aux casiers s’interrogent sur la rentabilité de cette pêche dans ces conditions.
Une espèce phare menacée sur les côtes Normandes
La Normandie est la première région de débarque de seiches en France. Selon Normandie Fraicheur Mer (NFM), 4600 tonnes de céphalopodes par an, dont principalement la seiche, sont pêchées sur les côtes de l’ouest du Cotentin à la baie de Seine. Toutefois, les captures sont en forte baisse ; pour exemple les débarques en criée de Granville, généralement de l’ordre de 600 à 800 tonnes par an dans les années 1990 à 2010, se sont effondrées à 200-250 tonnes par an depuis quelques années. Espèce à durée de vie très courte (environ 2 ans sur nos côtes), la seiche est très sensible aux variations environnementales, à la dégradation des sites et des supports de ponte mais également à la pêche excessive ou à la destruction des œufs.
Un indicateur de suivi des pontes depuis 2012
Comme indiqué dans l’article « Inquiétude sur la pêcherie de seiche normande » d’avril 2019 (www.smel.fr), le SMEL réalise depuis 2012 un suivi des pontes de seiches sur les secteurs de la pointe d’Agon (Ouest du Cotentin, Manche) et de Luc-sur-mer (Calvados). Ce suivi est, d’une part, basé sur la mise en place d’orins (30 par site) durant 3 mois (avril à juin) ainsi que sur 6 plongées dérivantes d’observation des pontes sur supports naturels. Un indicateur est calculé sur la base des données recueillies en 2012 (année de référence= 100%). En baisse depuis 2012, l’année 2020 montre un indicateur global en hausse mais très contrasté entre le Calvados où l’indicateur est à son plus bas niveau (28 œufs/orin) et l’Ouest Cotentin où l’indicateur est en forte augmentation (94 œufs par orin). Paradoxalement, la quantité d’œufs observée sur les supports naturels sur la côte ouest du cotentin est très faible (23 œufs / 1000 m² du même ordre de grandeur que ces 3 dernières années). On pourra noter la disparition progressive des supports naturels de pontes (sabelles, bryozoaires, …) dans les secteurs observés au large d’Agon-Coutainville ne permettant plus aux seiches de fixer leurs œufs.
Des débarquements stables sur l’ouest Cotentin mais un prix en forte baisse
Les débarquements en criée de Granville sont du même ordre de grandeur que ces dernières années : 183 t de janvier à juin 2020 alors que les débarques étaient près de 500t en 2012, 2013 et 2016. Bien que les chiffres de débarque 2019 par la pêche aux casiers ne soient pas encore connus pour l’ouest du Cotentin, les pêcheurs professionnels indiquent une année très moyenne, légèrement meilleure qu’en 2019, mais avec des prix en forte baisse. En effet, le prix moyen en criée est passé de 3.39 € (avril-mai 2019 pour des seiches de classe 10 qualité A) à 2.42 € (avril-mai 2020 pour des seiches de classe 10 qualité A). Ces observations sont sans doute en lien avec le confinement qui a provoqué d’une part une chute des prix et d’autre part une moindre pression de pêche (moins de casiers posés) pouvant laisser le temps aux seiches de pondre sur les orins alors qu’elles ne disposent plus des supports naturels de ponte.