La pêche de la seiche représente une ressource importante pour la Basse-Normandie, elle repose sur des métiers variés tels que le chalutage, le fileyage ou le caseyage. Toutefois, le cycle biologique très court de cette espèce amplifie de façon importante les variations naturelles des stocks d’une année sur l’autre. La protection des œufs peut permettre de limiter ces variations.
De très nombreux œufs pondus sur les casiers.
Les seiches reviennent à la côte en fin d’hiver lorsque les températures commencent à remonter pour y pondre leurs œufs puis mourir. Elles recherchent des supports dressés tels que les sargasses, des bryozoaires ou des vers tubicoles pour y fixer leurs œufs afin qu’ils soient bien oxygénés dans le courant. Les supports tels que des cordages ou les casiers sont également très prisés. Les seiches pondent alors en grand nombre sur les casiers. Une étude dans le golfe du Morbihan indique qu’un tiers des œufs y sont pondus.
Le devenir de ces œufs incertain
Les milliers d’œufs qui peuvent recouvrir les casiers ne permettent plus une pêche optimale. C’est pourquoi les pêcheurs procèdent à un nettoyage, parfois
en décrochant les œufs manuellement au couteau (opération longue et délicate en mer), plus fréquemment à l’aide d’un nettoyeur haute pression ou en remontant les casiers à terre. La survie est alors très limitée. Toutefois les expérimentations réalisées au SMEL permettent de démontrer qu’un brassage des œufs n’empêche pas l’éclosion et la survie à 3 jours. Ainsi, le décrochage manuel des œufs avec une remise en mer, sont une bonne alternative au regard du jet haute pression qui provoque la mort des juvéniles.
Le suivi de la température de l’eau permet de prévoir l’éclosion
La température de l’eau est un facteur très important dans la vitesse de développement embryonnaire des seiches. Les expérimentations menées ont permis de confirmer les données issues d’autres secteurs : 41 jours à 19°C alors qu’il en faut plus de 100 à 14°C. L’ensemble des données a permis d’obtenir un modèle de développement. Ainsi, la majorité des œufs pondus entre le mois de mars et le mois de mai éclos début juillet dans le secteur de Blainville sur mer.
Des solutions techniques peuvent être envisagées
Ces nouvelles connaissances permettent d’envisager des techniques et/ou des bonnes pratiques permettant de limiter la perte de ces très nombreux œufs. A commencer par favoriser le nettoyage des œufs au couteau avec une remise en mer des œufs. D’autres alternatives pourraient être l’éclosion de ces œufs en bassin à terre ou dans des radeaux flottants. Le maintien des casiers de pêche en mer jusqu’au 14 juillet pourrait permettre une éclosion optimale mais cette pratique se heurte à de nombreux problèmes techniques : utilisation de ces mêmes casiers pour la pêche des araignées, zone de stockage en mer, perte de casiers…
Sepia officinalis. Influence de la température et de l’hydrodynamisme sur le développement des oeufs.
Basuyaux, O. Novembre 2010
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