L’entéromorphe est une algue très présente sur les poches à huîtres au printemps et certains ostréiculteurs se sont interrogés sur l’exploitation potentielle de cette ressource appelée à disparaitre avec les pratiques culturales actuelles. Le projet “Entéromorphes”, soutenu par la région Normandie, a permis au cours de ces 18 derniers mois, de valider techniquement et administrativement la faisabilité d’une récolte en complément de l’activité ostréicole. La valorisation de ces algues fera l’objet d’un second article.
Une algue du printemps.
Dès Mars ou Avril, les parcs ostréicoles passent au vert. En effet, à cette période, les entéromorphes, algues du genre Ulva, accélèrent leur croissance pour atteindre un maximum en fin de printemps, fin mai pour la côte ouest du Cotentin à début juillet pour la baie des Veys. Jusqu’à présent, pour travailler les huîtres et éliminer les algues sur les poches à huîtres, les ostréiculteurs retournent les poches au moins une fois durant cette période. Toutefois, certains professionnels se sont demandés si ces algues pouvaient être exploitées et valorisées. Après quelques tests de récolte, le projet ENTEROMORPHES, soutenu par la région Normandie, est né de la collaboration entre le SMEL, le Comité Régional de la Conchyliculture Normandie Mer du Nord, la société ALGAIA et le centre technique et d’expertise agroalimentaire ACTALIA.
Une récolte à intégrer dans les pratiques culturales.
Il semble qu’une récolte d’entéromorphes soit compatible avec la production d’huîtres. Mais, avant toute chose, il a fallu faire un point sur les aspects réglementaires. Le nouveau schéma des structures, signé début 2017, prévoit désormais dans son annexe 2 des cultures marines potentielles, dont les algues. Les expérimentations menées au cours de cette étude permet aujourd’hui de définir les conditions et les pratiques liées à la culture des algues entéromorphes permettant d’envisager la modification du schéma des structures pour une exploitation professionnelle de cette algue.
Cependant, pour exploiter les algues présentes sur les poches à huîtres, les pratiques culturales actuelles se doivent d’être adaptées. Tout d’abord, il faut s’assurer que les poches soient suffisamment garnies en algues pour que la récolte soit rentable. En effet, les tests ont démontré qu’en deçà de 1 kilogramme d’algue récoltable par poche, la récolte est difficile et son rendement est assez faible. Il est préférable d’atteindre 1,5 kilogramme pour assurer un rendement moyen de 120 kg d’algues récoltées par personne et par heure. Cela suppose de ne pas retourner les poches avant d’atteindre ces densités. La récolte s’effectue manuellement, tout en prenant soin de laisser la couche inférieure d’algues, souvent pleine de vase, sur la poche. Les algues sont mises directement dans les supports qui doivent servir au transport, ce qui limite les manipulations ensuite. Il a été choisi, pour ces expérimentations, de travailler avec les bacs de stockages utilisés pour les huîtres. Gerbables et d’une hauteur limitée, ces bacs facilitent le transport et évitent le pourrissement des algues dû à un tassement important.
Un stockage possible avant l’expédition
L’ensemble de la récolte peut ainsi être remonté vers les bâtiments pour être ensuite acheminés vers l’unité de valorisation. Cependant, afin d’optimiser le transport, des tests sur plusieurs méthodes de stockage ont permis de démontrer que ces algues peuvent être stockées plusieurs jours dans des installations courantes dans un bâtiment ostréicole. La méthode retenue, qui semble la plus simple à mettre en œuvre, est le froid sec. Dans ce cas, les bacs de stockage pleins d’algues (environ 12 kg chacun), gerbables, sont directement mis en chambre froide. Le test effectué au SMEL a démontré que les algues restaient dans un bon état pendant une dizaine de jours, ce qui est largement suffisant pour travailler les algues sur une période de vives eaux et d’en faire ensuite l’expédition en fin de marée. Toutefois, la qualité biologique de ces algues après stockage est actuellement en cours d’analyses.
Les travaux sur la valorisation de cette algue étant toujours en cours de finalisation, un prochain article prochainement, présentera les différents résultats et complétera ainsi l’étude du projet ENTEROMORPHES qui doit se terminer le 31 janvier prochain.
Partenariat technique.
Partenariat financier.