L’année 2018 est caractérisée par une biomasse chlorophyllienne contrastée sur la côte Ouest Cotentin mais importante sur la côte Est, dans un contexte météorologique marqué par une longue période de sécheresse accompagnée de vents de dominance Est.
Les faits marquants
Dans la lignée de Décembre 2017, l’année débute par des semaines pluvieuses et venteuses, douces en Janvier puis froides et accompagnées d’un fort vent de Nord-Est en février. Les précipitations partout excédentaires de Janvier à Mars ont permis les apports de nutriments et ces stocks hivernaux de nutriments, supérieurs à 2017, ont favorisé l’augmentation de la biomasse phytoplanctonique, et l’apparition de blooms importants dans certaines masses d’eaux.
Par contre, à partir d’Avril jusqu’en Novembre, la sécheresse a caractérisé l’année 2018 avec notamment une vigilance sécheresse en Juillet et des records d’ensoleillement ont été enregistrés en Mai, Juillet et Septembre (source Météo France). Les stocks de nutriments ont par conséquent été déficitaires en fin d’année.
Si certaines périodes, en plus de l’hiver tempétueux, ont été marquées par des vents d’Ouest, généralement dominants sur le secteur, les vents d’Est enregistrés très souvent les autres mois, entre Février et Novembre en font une des caractéristiques de 2018. Ces vents ont notamment eu des répercussions sur les salinités mesurées sur l’ensemble des côtes du département.
Les températures des masses d’eaux ont été les plus basses en Mars, avec des valeurs parmi les plus basses de la série historique (autour de 5°C). Après une augmentation très rapide en Mai, elles ont atteint des valeurs largement supérieures à la normale en Juillet, sans toutefois réellement battre de record, mis à part sur la côte Est fin Juillet.
L’oxygénation des masses d’eaux est restée satisfaisante toute l’année.
Masses d’eaux de la Côte Ouest
Le début d’année tempétueux, et particulièrement lors des marées de vives eaux, n’a pas permis d’assurer les sorties en mer et par conséquent les masses d’eaux n’ont pu être caractérisées en début d’année.
Les précipitations, partout excédentaires en début d’année, ont eu des répercussions sur la salinité des masses d’eaux, fluctuante, et qui n’a rejoint des valeurs normales qu’en Mai. Elles ont permis d’avoir un stock hivernal de nutriments plus important qu’en 2017 mais globalement ces nutriments ont suivi la tendance saisonnière et étaient de nouveau déficitaires en fin d’année.
Le bloom de phytoplancton, plutôt tardif a été assez modéré pour la majorité des stations mais moins fugace que certaines années. Il a par contre été conséquent pour les stations de Denneville et St Germain, avec des concentrations de la même ampleur que 2016.
En dehors du début d’année très perturbé, les masses d’eaux ont été moins chargées et turbides qu’à la normale du fait des vents dominants d’Est enregistrés très souvent entre Février et Novembre.
Masses d’eaux de la côte Est
Le début d’année très perturbé a, comme pour la côte Ouest, réduit les possibilités de caractérisation des masses d’eaux.
Les vents ont été très souvent de dominance Est alors que la tendance, depuis le début du réseau, est plutôt océanique. Ils font donc de 2018 une année particulière pour la CE puisqu’ils ont eu un impact sur la salinité, les nutriments et la chlorophylle a. Les vents d’Est ont favorisé ainsi le maintien des apports côtiers, généralement riches en nutriments. Avec des vents d’Ouest, les apports terrigènes sont d’ordinaire plus vite évacués vers le large et donc dilués. Ceci explique les dessalures régulières et les salinités inférieures à la normale mesurées la majeure partie de l’année. Cela explique également les variations plus marquées des nutriments (présence de nitrates supérieure à la normale en Mai Juin, coïncidant avec des salinités assez basses), ainsi qu’une période d’épuisement complet du stock de nitrates plus courte (un mois en Août alors qu’on l’observe généralement tout l’été). Les phosphates sont restés déficitaires toute l’année.
Le stock de nutriments, plus important sur la côte Est, favorise l’augmentation de la biomasse chlorophyllienne. Le bloom, démarré fin Mars est assez précoce pour ce secteur. La biomasse est restée conséquente pendant plusieurs semaines mais Utah se différencie des trois autres stations avec 3 pics élevés de chlorophylle a, en Avril, Mai et Juin.
Mis à part lors de quelques épisodes mais aussi pour quelques paramètres seulement (chlorophylle a et charge particulaire), les stations de la Tocquaise, Hougue et Lestre évoluent de façon identique (très faible variabilité des moyennes du sous-secteur). La station de Utah se différencie à plusieurs périodes des autres stations et ce pour la majorité des paramètres.
Réseau HYDRONOR
Année 2018.
Stéphanie Pétinay, Jean-Louis Blin, Naïda Laisney, Vincent Lefebvre & Suzy Moal (2019).